Lanskoy (André)
Lanskoy (André)
Peintre russe de l’école de Paris (Moscou 1902-Paris 1976).
D’origine aristocratique, Andreï Mikhaïlovitch Lanskoï s’installe à Paris peu après la révolution bolchevique, en 1921. Il apparaît, au sein de ce milieu parisien, comme le génie le plus profondément russe, qui tente de faire éclater le monde intérieur aux dimensions de l’univers. Dans chacune de ses créations, il offre l’image d’une nouvelle nature faite de la chair et du sang du monde euclidien, mais reconstruite selon la rythmique, la plasticité, les rapports propres à la peinture. Le mot création prend chez lui son plein sens : « Comme Dieu créa l’homme à son image, le peintre reflète dans le tableau l’image de son monde intérieur », a écrit Lanskoy, qui, en même temps, affirme l’existence autonome, souveraine de la peinture : « Ce n’est pas ce qui entre dans l’œil du peintre qui enrichit le tableau, mais ce qui sort de son pinceau. » Pour lui, il n’y a pas de conflit entre la peinture dite « figurative » et la peinture dite « abstraite » ; ce qui compte dans tous les cas, c’est la peinture comme telle. D’ailleurs, de 1921 à 1942, André Lanskoy peint d’après nature. Il n’y aura donc pas de rupture quand, en 1944, il décidera d’aller chercher son inspiration à la source même du « sensible » et non plus seulement du « visible ».
Alors éclate ce qui est l’élément primordial de sa peinture, la lumière. Ce n’est pas l’éclairage des caravagistes ni le luminisme impressionniste, mais une lumière mystique, venue des profondeurs du chaos originel et passée par le prisme de la spiritualité, la même lumière qui illumine les vitraux du Moyen Âge. Dans les tableaux de Lanskoy, il y a une dominante, tantôt bleue, violette, indigo, tantôt rouge, tantôt noire, blanche ou verte, toujours franche comme dans la peinture d’icônes. Sa palette s’affirme dans une orgie de couleurs qui vibrent à la manière d’une chanson populaire russe, venue d’époques lointaines et exprimant la gamme la plus variée d’événements et de sentiments. On peut voir aussi dans ses toiles l’épopée grandiose d’un conquérant russe : il y a du barbare en lui. On sent qu’il jette sa matière picturale sur le tableau avec une fureur dionysiaque. Cette « poiétique » s’apparente à l’action painting américaine. Les rapports du peintre à l’œuvre sont des rapports agressifs : « La lutte s’engage jusqu’à ce qu’un nouvel accord se réalise, cette fois entre les formes et les couleurs. » Ce n’est pas un hasard si Lanskoy a peint un Hommage à Paolo Uccello ; mais, si chez Uccello tout est potentiellement dynamique, chez le peintre russe les lances des adversaires se sont déjà croisées et la bataille fait rage.
Lanskoy a étendu son activité au domaine de la tapisserie et à celui de l’illustration de livres. Dans son travail sur le Journal d’un fou (1958-1968), non édité, il retrouve la tradition russe de l’enluminure des livres d’heures, et aussi celle des expériences futuristes russes autour de 1912-13.
Jean-Claude et Valentine Marcadé/ Grande Encyclopédie Larousse
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Grenier, André Lanskoy (Hazan, 1960).