Catégorie Billets d’humeur
Jacques Sapir sur “laïcité et confusion(s)”
By Jean-Claude on Août 20th, 2016
Jacques Sapir est directeur d’Études à l’ École des Hautes Études en Sciences Sociales, dirige le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (CEMI-EHESS), le groupe de recherche IRSES à la FMSH
«Burkini», laïcité et confusion(s)
17 août 2016
Les discussions sur l’interdiction du port du burkini sur certaines plages en France nous amènent à un problème bien plus profond, celui du concept de la laïcité. L’économiste Jacques Sapir présente son analyse.
Le débat actuel sur le «burkini» relance celui sur la laïcité. Le soutien apporté par le Premier ministre, Manuel Valls, aux maires ayant décidé d’interdire ce «vêtement» sur les plages n’y est évidemment pas pour rien. Ce n’est pourtant pas une mauvaise chose. Mais, la notion de laïcité est elle-même mal comprise. De là découlent une série de confusions qui ne font qu’obscurcir le débat. Et, les interventions intempestives d’une partie de la «gauche» qui nous tient un discours du genre «il est interdit d’interdire» ne font que rajouter à cette confusion. D’où, la nécessité de rappeler un certain nombre de faits et de principes pour permettre une discussion au fond.
La laïcité ne se comprend que pour qui conçoit le «peuple» comme une assemblée politique et non ethnique ou religieuse.
La laïcité n’est pas un principe de droit mais un principe politique.
Il faut comprendre que ce qui fonde la laïcité c’est la nécessité de dégager l’espace public de thèmes sur lesquels aucune discussion raisonnable, c’est-à-dire fondée sur la raison, ne peut avoir lieu. C’est l’une des leçons chèrement apprise par la France (et une partie de l’Europe) lors des guerres de religion du XVIe siècle. La laïcité ne se comprend que pour qui conçoit le «peuple» comme une assemblée politique et non ethnique ou religieuse. C’est bien pour cela que la laïcité apparaît comme le pendant de la souveraineté. La souveraineté, en faisant entrer la question du pouvoir dans le monde profane, impose le principe de laïcité. La souveraineté impose que les divisions qui traversent le «peuple», qu’elles soient sociales, économiques ou autres, puissent à la fin contribuer, par l’établissement de compromis qui sont la base des institutions, à la constitution d’un bien commun et d’une chose publique (ou Res Publica) qui sont des produits, des résultats, et non des préalables mis en surplomb de la société. Tel est l’enseignement d’auteurs comme Bodin, Hobbes et Spinoza. C’est bien pour cela que le concept de laïcité est compris par un catholique fervent comme Bodin.
Ce qui permet la laïcité, c’est la distinction entre sphère publique et sphère privée. Tant que cette distinction n’existe pas, on ne saurait parler de laïcité. De ce point de vue, la laïcité est héritière de la pensée du nominalisme et des débats entre clercs de la fin du XIe siècle au XIVe siècle, débats eux-mêmes nourris de la religion chrétienne et des apports de la philosophie antique. Mais la distinction entre ces sphères est mouvante, historiquement déterminée. Cela impose de reformuler constamment les matérialisations de ce principe.
Certaines de ces matérialisations peuvent être contenues dans la loi. On parle beaucoup (et trop) de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’Etat, mais cette loi n’est pas à proprement parler une loi de laïcité. C’est une loi édictée dans un contexte particulier, qui vise à une forme de pacification de la question religieuse. De ce point de vue, les rappels, comme ceux de Jean-François Bayart, à la loi de 1905 sont inopérants car ils identifient et cantonnent la laïcité à des règles juridiques alors que la laïcité est un principe politique qui peut, selon les sociétés, prendre des formes juridiques différentes.
La question de la tolérance ne fixe que les limites qu’un individu s’impose à lui-même
La laïcité n’est pas la tolérance ni la liberté des cultes
Une autre forme de confusion vient de l’assimilation de la laïcité, principe politique, avec une valeur individuelle, comme l’est la tolérance. Que cette dernière soit nécessaire à la vie en société, on n’en disconvient pas. Mais, la question de la tolérance ne fixe que les limites qu’un individu s’impose à lui-même. On est tolérant comme on est généreux, qualités importantes, mais non principes.
Un principe politique organise un espace, et se matérialise en règles spécifiques, c’est-à-dire en contraintes. Certaines de ses règles peuvent être des règles de liberté (la liberté de culte par exemple) mais d’autres sont des interdictions. Un des problèmes majeurs que rencontre aujourd’hui le principe de laïcité vient justement de l’incapacité de nombreuses personnes à se représenter la société autrement qu’à travers le rapport qu’elles ont directement avec cette dite société. D’où, bien évidemment, l’idéologie «il est interdit d’interdire», qui ne fait que donner une forme de slogan à l’individualisme le plus crasse. Or, dans le même temps que les sociétés capitalistes modernes «produisent» l’individualisme (au sens vulgaire du terme) de la manière la plus brutale, elles imposent – à travers la réalité de la densité sociale – la nécessité de penser la société à travers une vision holiste. On peut alors comprendre les tendances actuelles à réduire la laïcité à la tolérance, mais il convient de ne pas tomber dans ce piège.
La question de la séparation entre sphère publique et sphère privée
Cette question est centrale pour comprendre les formulations de ce principe politique qu’est la laïcité car les habitudes collectives, les techniques modernes (comme internet), refaçonnent en permanence cette séparation. Ce n’est bien souvent pas, ou mal, perçu par les personnes. Ainsi, Facebook est en réalité partie de la sphère publique comme tout une série de jugements le confirme. De même des habitudes de loisir, minoritaires au début du XXe siècle et aujourd’hui largement répandues, la tendance à la personnalisation effrénée des «politiques», ont tendu à faire bouger les lignes de séparation.
Cette même séparation ne saurait être stricte. D’une part en raison de la contribution de nos valeurs individuelles à notre vie en société, et d’autre part en raison des habitudes, coutumes, et comportements, qui constituent de ce point de vue le soubassement historique de TOUTE société, mais aussi les bases de leurs différences. Et cela explique en partie la spécificité «française» du débat, mais aussi la sensibilité légitime de la société française à la question du «burkini».
La séparation des sphères privées et publiques est toujours socialement contextualisée
L’un des facteurs les plus importants dans cette reconfiguration de la séparation entre sphère privée et sphère publique a été la reconnaissance (oh combien tardive) de l’égalité entre hommes et femmes. Cette reconnaissance s’inscrit, dans les sociétés d’Europe occidentale à la fois dans l’histoire longue (de «l’amour courtois» à la volonté des maris de préserver la vie de leurs épouses par des formes de contrôle des naissances dès le XVIIIe siècle) et dans l’histoire «courte», marquée par la Première Guerre mondiale et les mouvements qui ont associé la lutte pour des droits politiques, sociaux et démocratiques dans la seconde moitié du XXe siècle. Cela implique qu’une attention particulière doit être consacrée à ce qui, dans des comportements, peut constituer une tentative de remise en cause de cette égalité, et en particulier par des tentatives de marquage «au corps» visant à stigmatiser une soi-disant «infériorité» des femmes.
Il en résulte que la séparation des sphères privée et publique est toujours socialement contextualisée. Ici encore, méfions nous des anachronismes qui cherchent à présenter comme invariant des formes nécessairement mouvantes ; nous ne sommes plus en 1905.
Les justifications de l’interdiction du «burkini»
Il faut alors considérer les motifs qui peuvent conduire à une interdiction de ce «vêtement» et les bases juridiques de cette dernière.
1. L’argument de la laïcité, qui est politiquement déterminant, n’est pas ici juridiquement le plus important. On comprend qu’une poignée, quelques milliers au plus, de personnes veuillent «tester» le principe de laïcité dans l’espoir, à terme, d’imposer comme «coutume» des pratiques publiques différentes entre appartenances religieuses. Mais ceci relève du projet politique et implique une réponse politique.
2. L’argument de «l’ordre public» est clairement déterminant dans le court terme, et c’est ce qui a justifié l’arrêt du tribunal administratif. A plus long terme la reconnaissance de la liberté de nos concitoyens musulmans à pratiquer leur religion passe certainement par des mesures strictes contre ces pratiques provocatrices, ainsi que le dit justement l’éditeur égyptien Aalam Wassef dans Libération. La République n’a pas à dicter le «dogme» de quelque religion que ce soit, mais elle a le devoir de mettre un terme aux provocations religieuses de certains, que ces provocations prennent des formes vestimentaires ou qu’elles prennent la forme de revendications à des séparations sur des espaces devenus publics de fait. Ici, clairement, le principe politique peut trouver une application juridique. En organisant l’invisibilité d’une religion sur un point, on autorise la pratique libre de cette dernière. De ce point de vue, parler d’un «salafisme laïque» comme le fait Bayard, relève de la plus totale irresponsabilité et d’une ignorance profonde du rapport entre principe politique et lois. Rappelons ici que la laïcité, comme tout principe d’organisation de l’espace politique, implique des interdictions comme corollaire à l’organisation d’espaces de liberté.
3. La question de l’égalité entre hommes et femmes devrait elle aussi trouver une application juridique. Rappelons que le principe en est inscrit dans le préambule de la Constitution. Dès lors tout «marquage au corps» peut être perçu comme une atteinte au principe d’égalité. C’est d’ailleurs bien comme cela que l’interprètent des personnes issues ou vivant dans des sociétés de tradition musulmane. Très clairement, sur ce point, la loi est défaillante.
Il faut rappeler que la laïcité n’est pas et ne peut pas être une «religion républicaine»
Construire la paix religieuse par la souveraineté
Nous sommes aujourd’hui confrontés à la question de la paix religieuse, comme élément de la paix civile. Cette question implique que des règles soient clairement tracées pour empêcher des groupes de monter des provocations. Cette paix implique qu’en contrepartie le libre exercice des cultes soit garanti, bien entendu dans le cadre de la loi. Cette paix implique aussi une intolérance absolue par rapport au soi-disant «délit de blasphème». Tout le monde peut rire ou critiquer TOUTE religion (ou toute philosophie). Ici, il faut rappeler que tous les Français ont le même droit à la critique. Ce qui a pour conséquence, aussi, qu’en ce qui concerne une fondation séculière chargée de s’occuper de la question du financement de la Fondation pour l’Islam de France il n’est pas absurde, contrairement à ce que d’aucuns pensent, qu’elle ait pour dirigeant une grande personnalité de la République. Il serait en effet très dangereux, et cela ouvrirait la porte au communautarisme, que l’on dise qu’une fondation pour l’Islam ne peut être dirigée QUE par un musulman, une fondation pour la religion catholique QUE par un catholique, etc. Le seul critère qui soit est celui de la compétence et de l’expérience, deux points qui sont remplis par Jean-Pierre Chevènement.
Il faut rappeler, enfin, que la laïcité n’est pas et ne peut pas être une «religion républicaine». C’est la vieille et funeste erreur de certains «laïcs» de la fin du XIXe siècle. La laïcité n’est pas cadre juridique et ne se réduit pas non plus à la loi de 1905. Les frontières entre sphère privée et sphère publique ont changé, à la fois du fait des évolutions de la société et du fait des mutations techniques que nous connaissons. Mais la notion de frontière, elle, demeure. La laïcité se matérialise différemment selon le contexte historique et culturel de chaque nation. La souveraineté nous impose de penser le «peuple» comme source de cette souveraineté et ce «peuple» est une construction politique, avec son histoire et ses traditions héritées de combats passés. Plus la souveraineté se délitera et plus les individus chercheront dans des appartenances de substitution, comme les appartenances religieuses, des remèdes à la perte du sentiment d’appartenance national. Plus elle se renforcera et plus la pacification de la société pourra progresser. Ce n’est que depuis que la souveraineté est ouvertement bafouée, contestée, que nous constatons cette remontée du problème religieux qui cache, en réalité, une forme de sentiment identitaire.
Source : russeurope.hypotheses.org
Du même auteur : Sisco, le «burkini» et une certaine «gauche»
Jacques Sapir sur le journalisme et son “objectivité”…
By Jean-Claude on Juin 7th, 2016
Jacques Sapir
Plusieurs affaires viennent de secouer les médias en France. Différentes dans leur détail, elles n’en posent pas moins toutes la question du droit à l’information.
Au-delà ces affaires posent aussi la question du « respect » dû aux journalistes, une profession qui subit de par le monde des agressions multiples et souvent meurtrières, mais aussi de celui qui est dû par ces mêmes journalistes à leurs lecteurs, ou leurs auditeurs, ou leurs spectateurs. Pour pouvoir exiger — souvent à juste titre — d’être respectés, les journalistes se doivent d’être respectables. Et, que certains d’entre eux ne le soient plus est une évidence.
Trois affaires
Reprenons donc sur trois affaires qui ont défrayées la chronique récemment. La première est le licenciement par l’Obs (ex-Nouvel Observateur) d’Aude Ancelin, une journaliste connue qui cumulait, pour certains des actionnaires de ce journal, le tort d‘avoir écrit des articles empreint de sympathie pour le mouvement « Nuit Debout » et d‘être la compagne de l’un de ses animateurs, Fréderic Lordon. Ce sont ici les motifs invoqués pour ce licenciement qui font scandale. On a prétendu qu’elle aurait écrit des articles « anti-démocratiques » et cela sans apporter le moindre commencement de preuve dans une accusation d’une telle gravité. C’est une pratique du journalisme de la part des actionnaires de cet hebdomadaire qui relève du plus pur gangstérisme.
La deuxième affaire concerne l’émission de France-2 Des Paroles et Des Actes où était invité Jean-Luc Mélenchon jeudi 26 mai. Dans cette émission François Lenglet, membre de la rédaction du JT de France-2, prononça des propos calomniateurs sur le président bolivien Evo Morales dans le seul but de mettre l’invité en difficulté. Cette affaire s’est retournée contre le sieur Lenglet, l’obligeant, ainsi que France-2, à publier une rétractation honteuse.
Ce ne fut cependant pas le seul scandale dans cette émission. Deux personnes avaient été choisies pour interpeler Jean-Luc Mélenchon, un boulanger à la mode, fournisseur de l’Elysée et certes pas représentatif des artisans avec ses 17 employés, et une jeune femme, Mme Cécile Imart-Bruno que l’on présentait comme un cadre ayant fait le choix d’un « retour à la terre » et qui s’est avérée être un ancien responsable financier de Bolloré au Chili, membre de la FNSEA (en dépit de ses dénégations, elle a été nommé par décret au Conseil national de la transition écologique, au titre de la FNSEA) et copinant avec des dirigeants socialistes, dont le Ministre de l’agriculture M. Le Foll. Si le choix de ces personnes relève de l’arbitraire de toute émission de télévision, le fait pour France-2 de ne pas les avoir présentés pour ce qu’ils étaient constitue un autre mensonge, et de fait confirme que l’on avait voulu monter un traquenard à Jean-Luc Mélenchon. Ceci condamne l’organisateur de cette émission, David Pujadas, et lui retire toute légitimité à se poser en journaliste impartial. Au delà, cette multiplication d‘incidents graves interpelle la direction de France-2 sur son éthique.
La troisième affaire est bien entendu la grève du syndicat du livre CGT lors de la journée d’action du mardi 24 mai, grève qui a frappé les journaux ayant refusé de passer la tribune de Martinez, le « patron » de la CGT. Ceci a provoqué un bel élan d’unanimisme de la part des éditorialistes pour dénoncer ce qu’ils appellent des « pressions inacceptables » et une atteinte à la liberté d‘opinion de la part de la CGT.
L’oubli du pluralisme
Il faut considérer en réalité ces trois affaires comme liées. Si l’on veut prétendre que l’action de la CGT ait été une atteinte à la liberté d‘opinion il faut démontrer que cette liberté existait bien au préalable. Or, c’est le contraire que montrent les deux autres affaires. Et l’on en revient au problème évoqué en introduction: si les journalistes veulent être respectés, ils doivent être respectables. Le fait de chercher à imposer une opinion unique à la presse est une attitude inacceptable. Mais, tel n’était pas la demande de la CGT qui souhaitait simplement qu’une règle de pluralisme d’opinions soit respectée.
Et c’est bien le non-respect de cette simple règle qui aujourd’hui pose problème. Ce qui menace aujourd’hui la démocratie dans notre pays n’est pas tant l’action de la CGT — quoi que l’on puisse penser de cette dernière — mais le comportement hostile au pluralisme de la majorité des responsables de la presse. Non qu’un journaliste ne puisse avoir ses propres opinions, ni un journal sa ligne éditoriale. L’existence de positions politiques sur différents sujets est parfaitement légitime. Mais, ces positions ne devraient pas interférer avec l’impératif du pluralisme. Les journalistes devraient avoir à cœur de toujours distinguer clairement ce qui relève de leurs opinions, qu’elles soient personnelles ou collectives, de la présentation de l’ensemble des opinions sur un sujet donné. Ce comportement s’impose d‘autant plus que les différents sondages montrent qu’une majorité de l’opinion est hostile en tout ou partie à la loi El Khomri.
Le non-respect de ce comportement pose aujourd’hui un problème majeur dans la société française. Il ne date pas du mouvement actuel contre la loi El Khomri. On avait pu déjà noter ce phénomène lors du référendum de 2005 où près de 90% des éditorialistes, allaient dans le sens du « oui », alors qu’en définitive ce fut le « non » qui l’emporta. Du 1er janvier au 31 mars 2005, le rapport entre les temps de parole donnait, pour l’ensemble des émissions (soit les journaux télévisés, les émissions politiques et les émissions de divertissement), 71 % aux partisans du « oui » contre 29 % aux partisans du « non ». Pour les seuls journaux télévisés, le « oui » bénéficiait de 73 % du temps contre 27 % pour le « non ».
On retrouve cette configuration de manière récurrente dès que l’on aborde les questions européennes. Le pluralisme affiché par les différents organes de presse disparait alors et laisse la place à un quasi-unanimisme qui relève du dogme religieux. Il convient donc de s’interroger sur ce journalisme « hors sol » ou quelques dizaines d‘éditorialistes et de journalistes considèrent non seulement qu’ils ont raison contre l’ensemble de la société (ce qui pourrait se concevoir) mais que leur position leur donne le droit de supprimer ou de discréditer — comme on l’a vu avec Jean-Luc Mélenchon dans DPDA — tout ce qui ne correspond pas à leur opinion.
Ces journalistes semblent donc se considérer comme les dépositaires d‘une « rente » dont ils usent et abusent à leur guise, ce que l’on avait déjà constaté en 2005. Que ce type de comportement engendre alors une légitime colère chez ceux dont les opinions sont privées de ce droit à l’expression est alors pleinement compréhensible.
Les rentiers d’un système
On dira que, compte tenu de la structure de la propriété des organes de presse, tout ceci est logique. Mais, si cette concentration de la propriété a son importance, elle est loin de tout expliquer. La concentration de la propriété ne peut aujourd’hui prendre l’importance politique qui est la sienne que parce qu’au sein de la « communauté » des journalistes et des éditorialistes s’est développée l’idée que la fonction confère à qui l’occupe un droit absolu de tenter de diriger les consciences.
Il faut donc bien comprendre la relation dialectique qu’il y a entre les bases matérielles de la production journalistique (les structures de propriété) et l’idéologie particulière développée par une partie des journalistes. Il faut aussi en mesurer les conséquences. Ce comportement de « rentier » qui est le leur, et qui trouve donc sa source tant dans cette structure de propriété que dans la représentation particulière du « rôle » du journaliste s’apparentant au curé d’antan (le « directeur de conscience ») induit désormais une méfiance généralisée à l’égard des sources traditionnelles d’information. La vérité est que le discrédit qui touche les sources traditionnelles est aujourd’hui tel que le développement de sources alternatives est inévitable et qu’il faut même souhaiter que de nouvelles sources puissent se développer avec le niveau de professionnalisme suffisant afin de faire concurrence aux sources traditionnelles qui ont failli.
Jacques Sapir sur le “hollandisme”
By Jean-Claude on Mai 23rd, 2016
Jacques Sapir
Quelle est donc la stratégie de François Hollande, et en à-t-il simplement une ?
Hollande et le champ de ruines
C’est la question que l’on peut légitimement se poser au sortir de cette « séquence » politique qui l’a vu au milieu des ruines de la « gauche » (1) en face à une opinion en voie d‘exaspération. Alors que son gouvernement se déchire en plein jour, le comportement d‘enfant gâté d‘Emmanuel Macron en indisposant beaucoup — dont le Premier-ministre — et non sans quelques bonnes raisons, alors que la Police et l’Armée sont en proie au doute, l’expression d’un dessin clair, susceptible de rassembler les français serait la moindre des choses que l’on pourrait attendre d’un Président de la République. Mais, François Hollande préfère louvoyer, ruser, et prendre la tangente. Cela n’implique pas qu’il n’ait pas un « plan », sauf que ce dernier relève plus de la « combinazione » que du projet stratégique. Son seul souci est, visiblement, de rester au pouvoir. Il convient de comprendre comment il veut y parvenir.
La manœuvre Hollande
Le plan du Président relève de la politique politicienne, et en même temps il est transparent. C’est d‘ailleurs cela son principal défaut. Il s’agit de faire le vide sur sa gauche pour se présenter comme l’ultime recours, ou le moindre mal, tant face à la droite, afin d’être présent au second tour que face au Front National, contre lequel il espère un réflexe de « Front Républicain ». Mais, ce plan prend l’eau en de multiples endroits. Non que la droite française, celle qu’incarnent « Les républicains » soit inférieure à ses attentes. Dans la liste déprimante des candidats à la primaire des droites, c’est un concours à celui qui dira les platitudes les plus éculées sur l’Europe, à celui qui présentera le programme le plus réactionnaire.
Les mille et un malheurs de François Hollande
Passons sur le cas de Nicolas Sarkozy, qui vire au cas pathologique et qui n’espère plus qu’en des manœuvres d‘appareil pour triompher de ses adversaires. Alain Juppé, dont on a dit qu’il était passé de la rigidité à la momification, processus à peine interrompu par une brève crise de jeunisme, propose un programme largement décalqué de celui de François Fillon et ont l’application accentuerait la récession actuelle du pays. Rappelons que les études du FMI sur le « multiplicateur des dépenses publiques » (2) montrent qu’une réduction importante de ces dernières (et Juppé évoque 75 milliards d‘euros soit 3,75% du PIB annuel) auraient des conséquences désastreuses sur la croissance et l’économie (3). François Fillon est, quant à lui, passé du séguiniste au thatchérisme avec trente-cinq ans de retard et Bruno Le Maire, dont les performances à Bruxelles n’avaient pas retenu l’attention, n’a pour atout que sa relative nouveauté qui ne cache que faiblement la nullité de son discours. Ces discours tenus par la droite sont en réalité congruents à ceux de la « gauche » de gouvernement. Ils se plient tous à ce qu’exige l’Union européenne et la logique de l’Euro.
Bref, la droite peut se plier à la « combinazione » de François Hollande en donnant d’elle-même un visage suffisamment repoussant. Mais cela ne suffira pas.
L’obstacle Mélenchon
François Hollande, pour pouvoir se représenter doit faire le vide à gauche. S’il a exécuté le groupe écologique, et rarement aura-t-on vu de victimes d‘une exécution plus consentante, il ne pourra se défaire aussi aisément de son seul adversaire à gauche: Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier est en passe de gagner son pari. Il s’est dégagé du piège de la primaire à gauche, et sa candidature n’est plus aujourd’hui contestable. Il est d‘ailleurs crédité dans les sondages de scores supérieurs à 10% et se rapprochant de ceux de François Hollande. Dès lors, il est clair qu’il va devenir la cible des attaques des caciques du P « S » et de sa presse aux ordres.
Mélenchon : une gauche décomplexée
La violence de ces attaques peut être déduite par la mésaventure arrivée à la compagne de Fréderic Lordon, débarquée du Nouvel Obs sous le risible prétexte qu’elle aurait écrit des articles anti-démocratique. Diable, on ne savait pas ce journal si délicat, lui qui pratique la désinformation de manière systématique sur certains sujets. En réalité, on est en présence de méthodes de gangsters. Elles sont cohérentes avec la dérive clientéliste que le P « S » connaît, que ce soit sur Marseille ou dans le Nord. Elles visent aujourd’hui Lordon en raison de son engagement dans Nuit Debout. Elles viseront demain Mélenchon. On peut déjà discerner l’axe de cette campagne. Publiquement, il va s’agir de retirer sa légitimité à Mélenchon, par des attaques haineuses mais aussi en suscitant ans son propre camp des adversaires. Les tentatives pour promouvoir des candidats alternatifs en font partie. Mais, dans le secret des rencontres et des tractations d‘état-major, on va tenter quelque chose de plus radical. Il va s’agir de le priver des 500 parrainages dont il a besoin en faisant pression sur la direction du PCF qui peut être sensible à l’argumentation de circonscriptions électorales.
La chance, pour Mélenchon, est d‘une part sa stature politique — qui le met largement au-dessus des adversaires potentiels dans son propre camp — et d‘autre part qu’une partie de l’appareil et des militants du PCF, lassée des atermoiements européistes de la clique de Pierre Laurent, se refusera à entrer dans ces manœuvres indignes. On en veut pour preuve l’appel de plusieurs dirigeants du PCF, dont Mme Marie-George Buffet, à soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Or, si Jean-Luc Mélenchon peut aller jusqu’au premier tour, François Hollande n’aura quant à lui aucune chance de figurer au second. Bien sûr, on agitera le spectre de 2002 devant les électeurs de gauche. Mais, la politique du gouvernement les aura durablement dégoutés d’un candidat P « S ». Les dégâts provoqués par la loi El-Khomri et les cassures engendrées par le mouvement actuel sont profonds. En fait, c’est le « tournant libéral » de la politique de François Hollande qui est en cause. Or, ce tournant est le produit d’une politique qui sacrifie les travailleurs français aux illusions des européistes de Bruxelles. Et cela les français ne le pardonnent pas, et ne le pardonneront pas en 2017, à François Hollande.
L’effondrement du « hollandisme »
Après la motion de censure rejetée, les protestations devant l’Assemblée nationale
L’effondrement de la manœuvre conçue par François Hollande est donc plus que probable. Mais, il n’est pas dit qu’il profite à Mélenchon. Assurément, ce dernier est pratiquement sûr de faire un bon score au premier tour de l’élection présidentielle, sans doute autour de 13%, voire plus. Peut-être même pourrait-il faire jeu égal avec Hollande, ce qui serait symboliquement important. Mais après? Tout cela reste dans le cadre du premier tour, or c’est au second que se décide l’élection. Il manque pour l’instant à sa campagne cette fibre patriotique, cette revendication faite haut et clair de la souveraineté nationale, pour qu’il puisse prétendre incarner la totalité de la gauche historique.
Cet effondrement ouvrira, selon toutes probabilités, la porte du second tour à un duel entre Marine le Pen et Alain Juppé. Et l’on entend d’ores et déjà se roder le discours sur le « Front Républicain » Si, d‘ores et déjà, on voit des représentants de la « gauche » se préparer à passer avec armes et bagages dans le camp du maire de Bordeaux, il n’en est pas encore de même pour les électeurs. C’est là que se noue la véritable contradiction entre le « plan » de François Hollande et sa politique. Il est en effet probable que la politique actuelle du gouvernement en poussera une bonne partie vers l’abstention. Il suffirait qu’une grande partie de ces derniers s’abstiennent pour que l’effondrement du « hollandisme » soit total.
(1) Sapir J., « Hollande et les décombres », not publiée sur RussEurope le 13 mai 2016, https://russeurope.hypotheses.org/4948
(2) Blanchard O., et D. Leigh, « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers », IMF Working Paper, WP/13/1, FMI, Washington D.C., 2013
(3) A. Baum, Marcos Poplawski-Ribeiro, et Anke Weber, « Fiscal Multipliers and the State of the Economy », IMF Working papers, WP/12/86, FMI, Washington DC, 2012
Jacques Sapir sur Aubry-Hollande
By Jean-Claude on Fév 29th, 2016
Voici un extrait de l’excellent papier de Jacques Sapir sur le duo Aubry-Hollande :
[…] On connaît les haines qui opposent François Hollande à Martine Aubry, haines qui sont d’autant plus inexpiables que ces deux personnes partagent entièrement les mêmes options politiques. Oui, il y a une indécence certaine à publier aujourd’hui cette tribune. Après tout, Martine Aubry n’avait-elle pas ralliée la motion de Manuel Valls, l’actuel Premier Ministre, à l’été 2015? Voudrait-elle faire croire que tout était acceptable jusqu’en septembre et que rien ne l’est depuis? Ce n’est tout simplement pas sérieux, et surtout c’est indigne. On ne peut que regretter que des intellectuels de renom se soient compromis en cosignant cette tribune. Souvenons nous alors de cette phrase de Bossuet qui s’applique, hélas, parfaitement à cette situation: « Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance » (2).[…]
(2) Bossuet J.B., Œuvres complètes de Bossuet, vol XIV, éd. L. Vivès (Paris), 1862-1875, p. 145. Cette citation est connue dans sa forme courte « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ».
François et Kirill à Cuba
By Jean-Claude on Fév 16th, 2016
La rencontre historique entre le Pape et le Patriarche tant attendue par les catholiques comme par les orthodoxes n’a laissé personne indifférent… Les uns s’en sont réjouis, les autres ont trouvé un nouveau prétexte pour blâmer la Russie.
Radio Free Europe ou Radio Liberty financée par le Congrès des États-Unis avait sorti la veille de l’évènement un montage opposant les leaders des deux Eglises orthodoxe et catholique qui se sont rencontrés le 12 février 2016 pour la première fois depuis la rupture entre Rome et Constantinople en 1054. Dans la vidéo, on voit des fragments de discours du Pape François et du Patriarche Cyrille sur des sujets variés: de la perception de la guerre jusqu’à l’attitude envers les minorités sexuelles. Complétement hors contexte, les propos du Patriarche russe cités par le média de propagande américaine le présentent comme un conservateur invétéré, coriace, inflexible et surtout… pro-Poutine alors que le Pape François incarne la sagesse absolue et la résignation. L’approche adoptée par la Radio Free Europe est pour le moins ennuyante. C’est notamment l’avis du cofondateur de SOS Chrétiens d’Orient Benjamin Blanchard:
“La caricature des responsables religieux est une chose courante. Alors là ça tombe sur le patriarche Cyrille, les Papes en ont fait les frais précédemment. Ces caricatures sont malheureusement habituelles mais je crois qu’elles ne font pas du tout avancer le débat. Alors bien sûr c’est la liberté de la presse, la presse a tout à fait le droit mais je crois que c’est ni constructif ni très intéressant malheureusement”.
La comparaison brutale du Patriarche Cyrille et du Pape François se fait de manière trop simpliste par des moyens renvoyant aux méthodes d’Agitprop, du département pour l’agitation et la propagande du Parti communiste de l’époque soviétique. Nikola Mirkovic, baptisé orthodoxe, ayant dans sa famille et des catholiques et des orthodoxes, estime que le recours par le média de propagande américaine à ces pratiques rudimentaires est un témoignage de l’échec de la stratégie étatsunienne dans la guerre de l’information:
“Cette vidéo est un odieux montage, j’utilise vraiment le terme +odieux+ sciemment parce qu’on est au moment historique où les deux responsables des deux plus grandes communautés chrétiennes au monde se retrouvent pour la première fois depuis mille ans dans un acte de charité avec la volonté d’aller vers l’union. Tout d’un coup, on a cette vidéo de Radio Liberté qui arrive et qui essaye de semer la pagaille et qui essaye de montrer que ces deux hommes, le patriarche Cyrille et le Pape François, sont des hommes qui ont des positions différentes et que ce sont deux personnes qui ne peuvent pas du tout s’entendre. Alors que dans les faits quand on lit le texte même qui a été signé par le Patriarche et par le Pape, on voit qu’au contraire ils sont très proches. Cette vidéo arrive, je pense, parce que c’est une défaite indirecte de la stratégie américaine. Cette volonté d’union, volonté de marcher ensemble de deux communautés chrétiennes inquiète beaucoup Washington. C’est cynique et c’est pour ça que cette radio qui est financée par le Congrès américain sort ces vidéos qui sont lamentables. Cette vidéo qui n’est pas très bien faite, qui n’est pas très compliquée à démonter… Quelle est leur méthodologie? Ils ont sorti des phrases de leur contexte pour opposer deux hommes. C’est très facile. ils sortent cette vidéo de manière malhabile pour essayer de saper cet élan fantastique, incroyable qui est un tournant, je pense, dans l’évolution de la chrétienté à très court terme. Ils essayent donc de le saper parce que dans leur stratégie ce n’est pas bon pour eux que et les chrétiens orthodoxes et les chrétiens catholiques marchent vers cette paix ».
A Cuba, rencontre historique entre le patriarche Cyrille et le pape François
Pour Benjamin Blanchard de l’association SOS Chrétiens d’Orient, le fait que certains médias réagissent de manière grossière à l’un des évènements phares de l’histoire du christianisme qu’est la rencontre entre le Pape et le Patriarche, démontre bien à quel point cette entrevue est importante:
“On voit bien que cette rencontre entre le Pape et le Patriarche Cyrille inquiète puisqu’en fait au-delà des caricatures les deux ont des vues communes sur la plupart des sujets. Et donc qu’il y ait un front commun entre l’orthodoxie, puisque le patriarche Cyrille représente la plus importante église orthodoxe, et l’église catholique, le catholicisme, inquiète bien sûr et donc ça donne lieu à la propagande la plus grossière. C’est bon signe, cela veut dire que cela inquiète et ça ne suscite pas la différence et donc c’est-à-dire que ça pèse. Et ce dialogue entre le Pape et le Patriarche Cyrille et vraiment porteur d’espoir”.
A l’issue de la rencontre entre le patriarche Cyrille et le Pape François à Cuba, une déclaration commune comprenant 30 paragraphes a été signée par deux leaders religieux. Dans le document, on revient sur les grands enjeux contemporains comme les conflits au Proche-Orient et en Ukraine, la liberté religieuse, la famille et l’unité de l’Europe. Par le biais de ce document, le Pape et le Patriarche adressent un appel “à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu’elles fassent preuve de bonne volonté et s’asseyent à la table des négociations”. Ils soulignent également qu’ « il est nécessaire que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme à l’aide d’actions communes, conjointes et coordonnées”. D’après Nikola Mirkovic, la déclaration témoigne d’une proximité naturelle entre les deux Eglises à la différence de ce qui est véhiculé par Radio Liberty:
“Si vous prenez différents éléments qui sont dans le film… sur le fond le texte prouve que la vidéo est un montage. Les deux hommes en réalité dénoncent la guerre et au contraire, soulignent qu’il est important de mettre fin à la guerre. Dans le texte, quand on voit ce qui est écrit, les efforts qui ont été faits pour essayer de ramener la paix en Ukraine, en Syrie, de trouver un consensus, c’est exactement ce que fait Vladimir Poutine. Donc indirectement le Pape François pourrait être accusé de + louer + la politique étrangère de V. Poutine. En ce qui concerne la procréation, la famille, l’homosexualité, les deux hommes disent la même chose. Il y a une critique très importante dans ce texte du monde libéral… ce que le film essaye d’interpréter d’une autre manière”.
“Nous nous sommes parlé comme des frères, nous avons le même baptême, nous sommes des évêques” a dit le Pape François après la rencontre avec le patriarche Cyrille. De son côté, le Patriarche russe a fait remarquer que cet entretien “a montré que les deux Églises peuvent travailler ensemble pour défendre le christianisme dans le monde entier, afin qu’il n’y ait plus de guerre et que la vie humaine soit respectée”…
Chers collègues de Radio Liberty, soyez plus inventifs pour paraître plus crédibles et pour ne pas vous ridiculiser…
Luboš Motl – sur Stephen Hawking et le trou noir
By Jean-Claude on Jan 21st, 2016
Luboš Motl/ Stephen Hawking
Le physicien tchèque Lubos Motl a relevé de nombreuses incohérences dans la nouvelle théorie sur le comportement de l’information dans les trous noirs exposée récemment par Stephen Hawking et ses collègues.
Ces éléments la rendent “inconsistante” selon le chercheur tchèque.
Lubos Motl trouve que l’idée soumise récemment par Stephen Hawking sur la présence de “cheveux” dans les trous noirs est intéressante du point de vue théorique mais n’est pas digne de confiance en raison de l’incompatibilité des deux théories clés sur lesquelles reposent ces calculs.
Hawking cite trois menaces pour l’avenir de l’humanité
“Pour faire simple, je ne pense pas que leur approche soit viable pour décrire ce qui se produit avec l’information dans les trous noirs. Des décennies de recherches ont montré que le comportement de l’information dans les trous noirs ne pouvait pas être décrit dans le langage de la théorie quantique locale du champ, cependant Hawking et ses collègues annoncent justement que c’est possible”, résume Lubos Motl.
Selon lui, accepter un tel postulat transforme les calculs de Hawking et de ses collègues en question rhétorique — ils montrent immédiatement qu’une partie de l’information absorbée par le trou noir se perd irrémédiablement, ce qui ne doit pas se produire conformément aux notions actuelles de la théorie quantique de la gravitation.
Trous noirs: Stephen Hawking dévoile une nouvelle trouvaille
La théorie quantique locale des champs ne suffit donc manifestement pas pour décrire les processus qui se produisent à l’intérieur d’un tour noir et à la frontière intérieure de l’horizon des événements. Selon Motl, la matière et la gravitation se comportent de manière non locale dans un trou noir, enfreignant le principe de causalité. “Tout cela appelle la formulation et l’utilisation d’autres théories physiques que celles utilisés par Hawking et les coauteurs de son article”, pense le physicien tchèque.
De plus, d’après Motl, les calculs de Hawking ne prennent pas en compte le comportement de l’espace-temps à l’intérieur d’un trou noir dans l’ensemble ainsi qu’aux abords de l’horizon des événements, d’où le second postulat erroné des auteurs — le fait que le calcul des micro-états d’un trou noir est impossible en principe. “L’article contient donc de nombreuses contradictions qui restent pour l’instant impossibles à résoudre”, estime le théoricien tchèque.
Poutine protecteur des Juifs…
By Jean-Claude on Jan 20th, 2016
A propos de l’auteur
Jean-Claude Marcadé, родился в селе Moscardès (Lanas), agrégé de l'Université, docteur ès lettres, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S). , председатель общества "Les Amis d'Antoine Pevsner", куратор выставок в музеях (Pougny, 1992-1993 в Париже и Берлинe ; Le Symbolisme russe, 1999-2000 в Мадриде, Барселоне, Бордо; Malévitch в Париже, 2003 ; Русский Париж.1910-1960, 2003-2004, в Петербурге, Вуппертале, Бордо ; La Russie à l'avant-garde- 1900-1935 в Брюсселе, 2005-2006 ; Malévitch в Барселоне, Билбао, 2006 ; Ланской в Москве, Петербурге, 2006; Родченко в Барселоне (2008).
Автор книг : Malévitch (1990); L'Avant-garde russe. 1907-1927 (1995, 2007); Calder (1996); Eisenstein, Dessins secrets (1998); Anna Staritsky (2000) ; Творчество Н.С. Лескова (2006); Nicolas de Staël. Peintures et dessins (2009)
Malévitch, Kiev, Rodovid, 2013 (en ukrainien); Malévitch, Écrits, t. I, Paris, Allia,2015; Malévitch, Paris, Hazan, 2016Rechercher un article
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