Gérard Conio, conférence sur son dialogue avec Vladimir Dimitrijević
Gérard Conio
« Béni soit l’exil » : le testament intellectuel d’un grand éditeur.
Je remercie le Centre Serbe d’avoir organisé cet hommage à Vladimir Dimitrijević à l’occasion de la parution de « Béni soit l’exil ! », le livre de nos entretiens, paru aux éditions des Syrtes en co-édition avec l’Âge d’homme.
Et bien que j’aie présenté plusieurs fois ce livre en d’autres lieux, c’est aujourd’hui come si Vladimir Dimitrijević, six ans après sa disparition, rentrait enfin chez lui.
La Serbie est, en effet, au centre de ces entretiens, la Serbie de son enfance, mais aussi et surtout la Serbie qui ne l’avait jamais quitté dans son exil, la Serbie qui est toujours restée au centre de son travail d’éditeur suisse.
Et c’est cette jonction entre la patrie d’origine et le pays d’accueil qu’il me paraît important de souligner, pour répondre à la distinction qu’il est rituel de faire entre le grand éditeur et le nationaliste serbe.
L’un des objectifs de ce livre a été, en effet, en lui donnant la parole, de lui rendre justice, c’est pourquoi mon rôle, en enregistrant et en transcrivant ces entretiens, a été celui d’un passeur, d’un intermédiaire semblable à celui qui avait été le sien vis-à-vis de ses auteurs.
Il appelait son catalogue son « portrait robot », parce qu’il s’identifiait à chacun de ses auteurs, indépendamment de toutes les tendances, de tous les partis pris idéologiques, religieux ou philosophiques, sans privilégier jamais une culture, une langue, une idéologie même par rapport à une autre. C’est pourquoi il est tellement injuste d’oppose, comme on le fait souvent, « le nationaliste serbe » et l’éditeur de l’Age d’homme.
L’important n’était pas pour lui dans les thèmes, dans les idées, dans les croyances, mais dans ce qu’il appelle l’exigence de l’essentiel, dans le noyau.
« Il n’y a rien de plus démocratique, dit-il, qu’un grand livre fait par une seule personne, parce que nous sommes la multiplicité de cette unité. Tous les lecteurs sont la multiplicité d’une unité qui est l’auteur. C’est fantastique d’imaginer que celui qui lit Tolstoï, Thomas Wolfe, Dreiser ou Quevedo, ici ou là, a un lien avec tous les autres lecteurs des mêmes auteurs. Ces liens créent une tribu à part et nous sommes tous réunis par ce cercle.
Ce cercle peut être fragile mais nous y sommes ensemble. Si tu as lu « Migration », si j’ai lu « Migrations », nous avons cette expérience en commun. Ces liens sont pour moi toute la littérature, tous les livres. Je sais exactement non seulement ce que tel livre m’a apporté mais comment il m’a relié au monde.
Le catalogue est comme il est. Je suis comme il est. Je suis comme ça. On me demande pourquoi je publie Witkiewicz, je dis parce que c’est moi, parce que lui, c’est moi. Pourquoi Amiel, parce qu’Amiel, c’est moi. Ce n’est pas une boutade, ce n’est pas un paradoxe, c’est parce qu’il y a entre nous ce lien. Ce que nous avons compris ensemble et ce que d’autres, je répète, comprendront à leur tour. »
Il n’y a jamais eu pour lui de dichotomie entre son exil et son appartenance au pays qu’il avait quitté pour fuir un régime totalitaire.
Il a toujours porté la Serbie en lui comme le prince Repnine du Roman de Londres de Tsernianski portait en lui sa Russie : « Au moment, dit-il, où je réfléchissais sur mon exil , étant donné que je me suis trouvé seul, et où, sans penser vraiment à la politique, je songeais à mon retour éventuel dans mon pays, retour qui était moins que probable, je me suis demandé ce que j’avais compris dans le roman de Tsernianski, ce roman des personnes déplacées. C’est que la patrie est là où je suis. La Serbie est là où je suis. On peut m’enlever toute la Serbie sauf celle qui est en moi. Et le message de Tsernianski est cela, aussi bien dans « Le Roman de Londres » que dans « Migrations », avec ce peuple de soldats partis en Russie en pensant qu’ils y seraient accueillis à bras ouverts. C’est une incarnation personnelle, un idéalisme personnel. »
Et quand il rappelle son initiation à la littérature il cite « Le Journal de Tcharnoïevitch » du même Tsernianski, qu’il avait lu quand il avait treize ans, mais ce n’est pas parce que Tsernianski est un écrivain serbe car il découvre en même temps un grand écrivain américain, Thomas Wolfe, qu’il lit péniblement dans le texte, avec la même admiration, la même « soif » de « la bonne source ».
C’est dans la cour de son école qu’il a eu la révélation de sa vocation d’éditeur, au milieu d’amis également passionnés par la littérature :
« C’était, dira-t-il une époque dangereuse, contraignante. On ne lisait que les livres que l’on trouvait. Eh bien, ce groupe de garçons était animé d’une passion de la littérature qui ne nous a pas quittés. C’était notre rite de passage. Nous avons formulé le vœu de défendre la pensée, la littérature et la pensée du monde jusqu’au bout. »
Et de même qu’il n’y a jamais eu pour lui de séparation entre les vivants et les morts, de même il a toujours gardé en lui cette lumière qu’il trouvait dans les grands textes de la littérature universelle en symbiose avec une communauté de lecteurs. Et il a été nourri toute sa vie par cette expérience d’une fraternité plus forte que le pacte de soumission imposé par la société.
Et plus tard, dans les épreuves et les désillusions, il continuera à rester fidèle à ce vœu de sa jeunesse pour se mettre au service de la création.
Voici comment il a défini ce qu’il appelait « une tolérance passionnée » :
« C’est avec cette même passion que j’accueille tout individu qui vient vers moi avec n’importe quel projet. Il n’y a pas de projet qui ne m’intéresse pas en soi, tant dans le domaine des sciences que de la psychologie ou de la littérature pure. C’est pour cela que l’on a cette impression de foisonnement, qu’il s’agisse des classiques ou des modernes. Pour moi, tout est présent, tout est totalement, immédiatement présent, fortement amarré, et dans ce que l’on peut appréhender de l’avenir et dans ce que le passé nous a légué. »
C’est pourquoi non seulement il n’y avait pas de contradictions entre sa dénonciation du communisme et sa résistance au nouveau système totalitaire qui a pris la forme du Nouvel Ordre Mondial. La contradiction, elle existait seulement entre son adhésion à des valeurs spirituelles et la pression matérialiste d’un monde sans dieu.
Il n’a jamais dévié de ce refus de pactiser avec la Loi du monde qui change d’étiquette en restant toujours fondamentalement la même.
C’est pourquoi il voyait dans la condamnation et le sacrifice du Christ un paradigme de la résistance individuelle et morale de l’Individu contre une Société qui obéit invariablement à un Ordre injuste.
Très tôt il avait eu conscience de l’iniquité et du mensonge qui se déguisent sous de fausses paroles et de fausses promesses.
Et sa foi dans la résurrection était indissociable de sa foi dans la littérature, la littérature comme résurrection d’une vérité spoliée par la dépravation du langage.
Comme Mandelstam, comme Aleksander Wat, comme Etiemble, il était sensible au poids des mots.
Les mots les plus simples étaient pour lui l’expression du « mystère du sens » qu’il associait au « mystère de l’être » : le mot « déjà », le mot « merci ».
Il accomplissait son métier d’éditeur comme un exercice d’admiration, la source d’un émerveillement permanent devant le mystère de la création.
Mais cette demande, cette ouverture s’associait à une grande méfiance envers les postures et les impostures destinées à donner le change et à nous faire prendre l’ivraie pour le grain.
Il n’en avait défendu qu’avec plus d’ardeur le droit des néophytes à une naïveté, une ingénuité sans cesse menacées.
C’est pourquoi dans nos entretiens il ne cessera de marteler qu’il n’était pas un éditeur « marginal », mais un éditeur « naturel ».
La culture, à ses yeux, n’avait de prix que si elle restait en harmonie avec ce naturel qui lui faisait préférer aux « bonnes manières » les originaux « qui mangent avec leurs doigts ».
Mais le traumatisme de ces déceptions avait aussi terriblement aiguisé son sens critique et armé sa lucidité contre les sirènes de la publicité et de la propagande.
Cette méfiance était à double sens, à la fois tournée vers l’Ouest et vers l’Est.
Tout d’abord il avait été heurté dans sa jeunesse par les faux témoignages des écrivains occidentaux complices de l’idéologie qui opprimait son peuple et qui avait détruit sa famille.
On se souvient du mot de Sartre : « Il ne faut pas désespérer Billancourt ! »
Dans cette naïveté, cette ingénuité qui était la sienne, il ne pouvait imaginer que la littérature pouvait être aussi porteuse de contre-vérités.
Et en lui dessillant les yeux, cette révélation avait été un rite de passage douloureux qui devait laisser des traces ensuite dans ses rapports avec cette Europe dont il attendait le salut.
Et cette déception, cette trahison avait déterminé ensuite tout son travail d’éditeur autant que sa conception de la littérature elle-même.
La littérature n’était pas pour lui de l’information, c’était la vie même.
En fondant l’Age d’homme en 1966 il voulait se mettre au service des livres qui lui paraissaient importants, parce que leurs auteurs disaient quelque chose d’essentiel, pas seulement du point de vue artistique, mais « parce qu’à l’art s’ajoutait un témoignage véritable sur l’homme ».
C’est dans cet esprit qu’il a publié Grossman, Zinoviev à l’époque soviétique, mais aussi, plus tard, Volkov, Corti et le général Gallois.
Mais quand pour la première fois, en 1980, il est retourné dans son pays, il devait connaître une autre désillusion car il n’y a pas trouvé ce qu’il attendait :
« Je suis entré dans mon pays et personne ne parlait de la Serbie, à part quelques égarés. La Serbie n’existait pas. Et je suis allé là-bas pour voir le peuple serbe parce que j’avais apporté ma boue natale sur mes souliers quand je suis arrivé ici, en Occident. Je suis venu avec les habits imprégnés par l’odeur de notre cuisine, par ma famille, par tout ce que nous avons passé, car chez les personnes déplacées, ça reste la vie entière, je ne peux pas enlever cela. Et quand je suis allé là-bas, je me suis trouvé dans une situation absurde. Moi qui ai vécu en Occident, je suis entré là-bas comme dans un musée, j’ai cherché le noyau que je ne trouvais pas. »
Ce que décrit ici Vladimir Dimirtijevic correspond à la perte d’identité que Tzvetan Todorov a si bien analysé dans « L’homme dépaysé ».
Mais s’il impute cette situation absurde au règne de Tito, il ne faut pourtant pas oublier tout ce qu’il devait à une éducation qui lui avait donné l’accès aux livres.
Certes, il devait surtout cette richesse intérieure à lui-même, mais elle avait été décuplée par un foisonnement culturel que, malgré la censure, les régimes communistes ont toujours favorisé.
C’était aussi bien le cas dans la Yougoslavie de Tito que dans la Roumanie de Ceaucescu, que dans la RDA.
Quand il est venu en Occident, Vladimir possédait déjà, grâce aux traductions, une connaissance étonnante des grandes œuvres de la littérature universelle.
Certes ce bagage ne lui avait jamais paru suffisant et il l’avait sans cesse augmenté par son insatiable curiosité des hommes et des textes.
Et on ne peut dissocier sa boulimie de lecteur et d’éditeur de l’humanisme chrétien qui commandait son comportement et sa pensée.
Dans nos entretiens il revient inlassablement au message du Christ qu’il interprétait dans un sens qui dépassait largement les règles et les limites du dogmatisme religieux.
Il y trouvait les repères pour se guider dans la vie et y ramenait toute l’existence humaine.
Et il y incluait même les auteurs qui se proclamaient agnostiques, comme Zinoviev ou Gripari, à partir du moment où ils se conformaient spontanément au même idéal de justice et de vérité.
Chaque auteur, chaque livre était pour lui un interlocuteur avec qui il dialoguait.
Et ce n’était pas un échange limitatif et fermé mais une ouverture sur le monde, car « un grand écrivain lit le monde », car « ce qui compte le plus c’est la participation des autres dans ta propre vie. Et cet autre n’est pas l’autre de l’humanisme béat, c’est vraiment la reconnaissance que l’autre existe, qu’il est là et que sans savoir comment est cet autre une grande partie du monde sera pour toi quelque chose qui n’existe pas. »
C’est pourquoi il attachait tant d’importance aux conversations qui étaient un adjuvant indispensable de son travail d’éditeur.
Celui qui venait le voir uniquement pour être publié n’avait pas beaucoup de chances de retenir son attention.
Mais chaque conversation était unique comme la personne avec qui il dialoguait.
C’est pourquoi certains ont pu regretter qu’il y ait tant d’absents dans nos entretiens qui portent la marque de nos affinités et de nos empathies autant que de nos phobies communes.
C’est ce qui explique la présence presque obsessionnelle de Witkiewicz, l’écrivain polonais qui était à l’origine de notre rencontre.
Il avait fait de Witkiewicz le patron de l’Age d’homme parce qu’il voyait en lui l’exemple suprême d’un auteur qui n’avait jamais fait de concession à la Loi du Monde.
Et il revient sans cesse vers lui comme vers une bouée de sauvetage dans la tempête, comme quelqu’un qui n’avait jamais failli et avait préféré la mort à la soumission :
« L’un des textes qui m’ont le plus ému comme témoignage sur l’époque ce fut « L’Inassouvissement » de Witkiewicz. La première fois que j’ai lu ce livre de Witkiewicz, puisque c’est celui qui aujourd’hui encore m’impressionne le plus, je me suis dit : « Est-il possible qu’il tienne jusqu’au bout ? » Pendant toute la lecture je ne craignais pas tellement pour moi ni pour la littérature, je craignais pour Witkiewicz lui-même. Je me disais : « Allez, di-le, dis-le, ne te trahis pas. Et cette crainte, où je tiens un livre entre mes mains est restée la même, une sorte d’exigence, de tremblement. Je dis : « Il doit aller jusqu’au bout, il ne doit pas trahir. » Et la lecture de Zinoviev c’était la même chose. Je craignais le compromis. Je craignais qu’à un moment donné, pour des raisons multiples, personnelles, pour avoir du succès, pour plaire, qu’à un moment donné il fasse un compromis. Pour moi, en tant que lecteur, je ne parle même pas de l’édition, c’est quelque chose de fondamental. Ne pas faire de compromis. Je ne demande pas aux écrivains de témoigner sur des choses que j’attends ou qui me plaisent, mais je ne voudrais pas qu’il y ait des compromis. Je ne voudrais pas que tout à coup un artiste qui a trouvé des formes, des couleurs, ensuite les efface, ce qui arrive à l’art au moment où il devient social, au moment où il sert les puissants de ce monde. Et c’est chaque fois différent. Ils sont tous différents. Cela ne veut pas dire que chacun doit témoigner par le biais et dans le système qui me plaisent. Mais je me place du point de vue du lecteur attentif, ou en tout cas de celui qui veut avoir une reconnaissance réciproque avec l’auteur. Eh bien, quel que soit le domaine propre à l’auteur, que ce soit dans le domaine de la société, dans le domaine de la réflexion, dans le domaine de la beauté, le lecteur le sait. On le sait. Et quand on me demande comment j’ai choisi, comment j’ai publié, comment je vis avec ce texte-là, je ne peux pas dire autrement que : « Pas de compromis. » Même celui qui veut faire une œuvre qui plaît à la cour doit aller jusqu’au bout, ne pas faire de compromis avec lui-même. Il faut que son œuvre ressemble à lui-même, qu’elle soit ce qu’il est lui-même. Et le catalogue de l’Age d’homme, je l’’espère, est fait dans ce sens. Je ne suis pas là pour choisir, je ne suis pas un idéologique de ce côté-là. L’auteur peut avoir toutes sortes de défauts, des défauts de comportement par rapport à la société, n’importe quels défauts, n’importe quelle tendance, s’il épouse entièrement une tendance, s’il ne fait pas de compromis, il entre dans le catalogue. C’est cela qui me semble le plus important dans l’évaluation de ce que je pense d’une œuvre d’art. »
Et cette lutte, cette tension, cette hantise de la trahison il la retrouvera avec « Les Hauteurs béantes » de Zinoviev, avec « Vie et destin » de Grossman, avec « Le Bréviaire du chaos » de Caraco.
Chaque livre est donc un témoignage et en même temps une épreuve de vérité.
Ce credo lui vient de ses années d’adolescence où, « avec beaucoup de souffrances, il a vécu les gens qui ont maquillé la chose, qui ont éludé de dire ce qui était leur propre expérience et leur vrai témoignage sur l’homme. »
Ce sens qu’il donne à la lecture c’est aussi celui qu’il donne à l’édition, à l’acte d’éditer, et non aux éditions, ce pluriel, dit-il, qui transforme une chose concrète en abstraction. Et il se réfère aux anciens édits, comme « l’édit de Nantes ».
Il érige donc la littérature comme un contre-pouvoir, non un contre-pouvoir comme celui que l’on attribue à la presse, mais un contre-pouvoir spirituel, existentiel, fondé sur des évidences d’ordre poétique et non sur des concepts qui figent le mouvement de la vie.
Il ne saurait donc s’agir de le mettre en contradiction avec lui-même, en confrontant son engagement dans la lutte anti-communiste et les positions pro-serbes qu’il avait prises pendant la guerre de Yougoslavie.
« Je ne suis pas pro-serbe, répondra-t-il à l’un de ses détracteurs, je suis serbe. »
Et il ajoutait qu’il aurait défendu avec la même ardeur la Suisse ou la France si ces pays avaient été attaqués.
Il avait fait face au démocratisme totalitaire comme il avait fait face au communisme car dans les deux cas il était aux prises avec les manifestations d’une même Loi du Monde, une Loi qui était « sans pardon ».
Et il serait spécieux de mettre la diversité de son catalogue sur le compte d’un esthétisme éclectique.
Cependant il prenait également en considération la forme et le contenu d’une œuvre.
Et contrairement à ce que certains ont prétendu, en nous mettant en opposition, il n’était nullement hostile à l’avant-garde russe dont il a publié les œuvres.
On peut pour s’en convaincre se référer aux nombreux passages de nos entretiens où il rend hommage à ces poètes, à ces artistes qui ont su renouveler la création pour éviter qu’elle soit ensevelie sous l’héritage des siècles de culture.
Ils avaient relevé ce défi parce qu’ils avaient compris à ce moment de l’histoire la nécessité de « se dépouiller », de faire table rase d’un académisme mortifère et parce qu’ils portaient en eux la flamme de la vraie vie, la vie de l’esprit.
Un autre point commun entre les deux systèmes de domination qu’il a combattus était leur idéologie matérialiste.
Il reconnaissait pourtant que ce matérialisme avait réellement triomphé lorsque le règne des produits, des objets avait remplacé celui des idées.
Il n’était, d’ailleurs, hostile à aucun courant, car il ne s’attachait pas aux idées, ni aux formes, mais à la vérité de l’être qui adhérait à ces idées et à ces formes.
En lui prêtant des exclusives on le met dans « la nasse de perdition » qu’il a dénoncée tout au cours de sa vie.
Et il a répondu une fois pour toutes à ceux qui continuent à lui reprocher son « nationalisme serbe » quand il affirme que « l’on est d’abord orthodoxe avant d’être serbe ou russe ou roumain. Si on se dit orthodoxe, cela signifie que l’on est dans l’universalité de la pensée chrétienne. L’appartenance nationale vient après. »