La villa de Picasso Notre-Dame de Vie à Mougins
J’ai été très ému de voir que la dernière demeure de Picasso et de sa femme Jacqueline, Notre-Dame de Vie, à Mougins, allait être mise en vente. Il aurait été, peut-être, souhaitable d’en faire un musée-centre culturel, peut-être une filiale du Musée Picasso d’Antibes. Mais cela impliquait, sans doute, des frais qu’aucune des parties concernées éventuellement par un tel projet, n’était pas en mesure d’assurer?
Mon émotion à la vue de cette demeure sur internet, m’a fait souvenir des quelques visites que j’y ai faites en compagnie d’Igor Markevitch, en 1979-1981, à un moment où je travaillais dans les archives du compositeur et chef d’orchestre (5o ans au service de la musique qui ont donné Le Testament d’Icare, paru chez Grasset en 1984!). Jacqueline Picasso ne laissait pas quelquefois partir ses visiteurs sans leur offrir quelque chose; c’est ainsi qu’elle m’a donné un jour le magnifique album, Picasso, Dibujos y escritos qui venait de paraître.Lors d’une de ces visites, le 18 septembre 1981, j’ai noté dans mon journal très intermittent : « Visite à Mougins au mas Notre-Dame de Vie avec Igor. Jacqueline nous a reçus avec cordialité et chaleur malgré son état physique et moral délabré. Était sous l’effet de la drogue (cocaïne?). Sorte de Folle de Chaillot pathétique, tragique – un fantôme au milieu de présences qui jaillissent de partout, plantes uniques sorties de la main magicienne de Picasso. »
Sous cette impression, je lui ai envoyé par la poste une poésie qui traduisait mon état d’esprit après cette visite:
Oiseau de proie,
Avaleur d’enfants,
Il s’est abattu
sur Toi –
l’Égarée des Sept Douleurs.
Tu respires encore
par tes beaux yeux d’Infante
Et ton corps –
pauvre hère –
erre encore
dans les fleurs délirantes –
croissances de lumière
et de formes premières
Alchimies de la main et des yeux,
de sa main par ta main, de
ses yeux par tes yeux.