Nouvelle exposition d’œuvres de la Collection V. et J.Cl. Marcadé à la Villa Beatrix Enea (mai-septembre 2023)
Nouvelle exposition d’œuvres de la Collection V. et J.Cl. Marcadé à la Villa Beatrix Enea (mai-septembre 2023
Tempête de formes – Regard sur l’abstraction dans la donation Marcadé
L’abstraction est un sujet d’étude cher à Jean-Claude Marcadé, éminent spécialiste de l’un de ses fondateurs, Kazimir Malévitch. Aussi ce courant est-il particulièrement bien représenté dans la collection Valentine et Jean-Claude Marcadé donnée par le collectionneur à la Ville d’Anglet en 2022.
C’est à travers les productions d’artistes d’horizons divers comme William Brui, Carlos Salas Silva ou encore Alvaro Vargas, que l’abstraction, ce courant, qui se traduit en langue russe par « sans objet », prend ici plusieurs formes. À la fois « vapeur impétueuse », « cosmos pictural », « beauté sans histoire » ou « tempête de formes », selon les mots de Jean-Claude Marcadé, elle devient, sous le pinceau de chacun de ces artistes, la transfiguration de leur réflexion picturale marquée par leurs parcours respectifs.
VARGAS Alvaro
1955, Cali (Colombie) – 1991, Paris (France)
Alvaro Vargas est un historien de la littérature, poète et peintre colombien. Durant ses études littéraires à Bogota, il prépare une thèse sur le poète mexicain Octavio Paz. C’est lorsqu’il s’installe à Paris entre 1986 et 1990 chez Valentine et Jean-Claude Marcadé, qu’il s’adonne à la peinture et à l’aquarelle et crée une œuvre picturale hors du commun. D’après Jean-Claude Marcadé, « les aquarelles, les crayons, les huiles d’Alvaro Vargas n’appartiennent à rien, qu’à eux-mêmes, qu’à lui-même ». Il meurt soudainement en 1991, laissant une production qui « n’appartient à aucune histoire temporelle ».
ORIX Bill
1900, Anvers (Belgique) – 1983, Paris (France)
Artiste belge né en 1900, Bill Orix a eu plusieurs vies. Après une participation aux Jeux olympiques d’hiver de 1928 en tant qu’hockeyeur sur glace, et des études de médecine, il entre dans la résistance entre 1940 et 1942. Il se fait alors arrêter et est déporté au camp de concentration de Mauthausen où il reste jusqu’en 1945. C’est à la suite de cette expérience traumatisante que sa pratique de la peinture se développe. Après une période qu’il qualifie d’« essentialiste surréalisante », il s’intéresse à l’abstraction, plus sereine, se sentant « libéré des visions d’horreur de camp de concentration ». Il utilise un langage géométrique sobre et coloré qui lui permet d’évoquer la poétique des univers oniriques. Il est le mari d’Ania Staritsky.
BRUI William
1946, Léningrad (Russie) –
Vit et travaille en France
Bercé par la culture artistique russe des années 1910, William Brui puise son répertoire pictural dans les mouvements constructivistes et suprématistes des figures emblématiques de K. Malévitch, V. Kandinsky ou A. Rodtchenko. Dans ses réflexions abstraites, il s’intéresse au temple de l’Ancien Testament, lieu réel qui ne peut être construit sans devenir une idole. Il dépeint ainsi l’universalité de la forme comme cosmos et multiplie les formules géométriques à la manière du Quadrangle noir de Malévitch.
« Brui a gardé pour toute la vie le souci de ne pas se perdre dans le flot illusoire des apparences pour ne se vouer qu’aux rythmes essentiels du monde au-delà (ou plutôt au cœur) du visible »
SALAS SILVA Carlos
1957, Pitalito (Colombie) –
Vit et travaille à Bogota
Dans la lignée de l’expressionnisme abstrait des années 1940, Carlos Salas Silva expérimente par la couleur et la matière. Dans ses toiles, parfois divisées en diptyques ou triptyques, c’est une ébullition tempêtueuse rythmée par le trait agité du pinceau qui s’exprime. Quand Jean-Claude Marcadé lui dédie une exposition dans son appartement parisien en 1988, il parle de sa peinture comme d’une « puissante polychromie aux cadences aussi sinueuses que les reliefs de la géographie du monde ».
« […] les couleurs, telle une lave incandescente dirigée par un passionné alchimiste, se précipitent en charriant avec elles toutes les alluvions accumulées en strates séculaires, créant de nouveaux espaces, inconnus jusqu’ici, où la lumière se diffuse savamment à partir du centre le plus secret du monde. »
Il est possible de voir les cimaises de la salle Marcadé en ouvrant wetransfer https://we.tl/t-9vEXOZKjdk