Performance de Sabine Buchmann au Brésil, São João d’Aliança, 2 novembre 2014
Du Rythme, du Visage, de la Texture – Sabine Buchmann au
Brésil
« Toute mon œuvre était semblable à celle d’un tisserand qui tisse une étoffe d’une texture étonnamment pure » (Malévitch)
Les anciens maîtres chinois pratiquaient l’écriture qui était peinture.
Écriture et peinture sont identiques pour les Chinois.
Le moine peintre chinois Citrouille amère, Shitao, a écrit qu’ un unique trait tracé sur une surface blanche crée l’Univers.
Sabine Buchmann, dans notre contemporanéité, est de cette lignée.
Toute une partie de son œuvre est dominée par le minimalisme rythmique. En cela elle a reçu des impulsions décisives du suprématisme de Malévitch et de sa réduction aux formes premières.
Dans l’action brésilienne, Sabine Buchmann insère le rythme du dessin-peinture dans la cadence du corps des acteurs qui présentent les tableaux sur des tissus rouges, blancs, noirs – les couleurs du suprématisme de Malévitch.
Les présentateurs suivent le rite sacral d’une offerte, d’un échange des tableaux vivants, puis de leur disparition.
Parabole du corps comme toile.
Parabole de l’osmose nature (le corps)-culture (écriture-peinture).
Parabole de l’apparent, du visible, et du passage à l’invisibilité.
Parabole de la présence-absence.
Et que reste-t-il après cet acte ?
L’essentiel du rythme : des visages à peine tracés, des faces aux contours laconiques, à la fois simples et complexes dans les possibilités de diverses interprétations.
Visages humains, au-delà de tout psychologisme, dans la variété des expressions.
Mais aussi – temples de l’homme, lieux sacrés de la vision et de la pensée.
Le pictural – c’est-à-dire l’organisation de l’espace en un certain ordre.
Le pictural s’inscrit dans une texture, c’est-à-dire dans une trame, un tissu.
Sabine Buchmann fabrique elle-même les papiers qui lui servent de support à partir de feuilles de légumes ou d’arbres. Cette tissure organique végétale fait naître des vibrations fibreuses, des surfaces vivantes, des territoires originels.
Sabine Buchmann, ordonnatrice de pans du mystère du monde, conciliatrice de l’art et de la vie.
Jean-Claude Marcadé
Brasilia, Vargem Bonita, 30/10-2014