Sur la présentation scandaleuse de la Russie dans “Le Monde” – une infamie de plus
Une nouvelle Toinette du journalisme activiste vient de sévir dans “Le Monde” – Toinette Briancon : il y avait longtemps que le quotidien ne s’était pas livré à un panorama aussi unilatéralement anti-poutine/anti-russe, avec une focalisation monomaniaque sur le génie du mal du continent russe – Poutine, cause de tous les maux “de la répression à la récession”. Le grand pays qu’est la Russie mérite une meilleure information sur elle que cette litanie accumulative répétitive de ce qui ne va pas. Comme si la Russie était une exception dans ce qui ne va pas : je prétends, à l’encontre de la présentation scandaleuse de Toinette Briancon, qu’il n’y a pas dans ce pays plus d’exactions, de faits négatifs, de bavures que dans des pays démocratiques de même importance géo-politique. Mais, sous l’influence des forces les plus réactionnaires occidentales (surtout américaines) , qui n’ont pas intérêt à ce que la Russie retrouve une puissance qui contrebalancerait l’unipolarité actuelle, financé par elles, un activisme s’est installé dont les métastases ne cessent de ronger toute vue un peu rationnelle et constructive de la situation russe. Toinette Briancon, à ce qui apparaît dans sa chronique du week-end, est un de ces activistes qui pratiquent l’amalgame, les faits vérifiés et les suppositions, mais ont surtout d’une malhonnêteté intellectuelle effrayante. Voici chez Toinette Briancon les affirmations malhonnêtes, en suivant l’ordre de son papier :
1) la mise en doute de la légitimité de Poutine (une autre passionaria toinette, Mandras, avait déjà mis en doute dans “Le Monde” la légitimité de Medvédev… et les journalistes activistes n’ont cessé de mépriser Medvédev et d’en faire la marionnette de Poutine et ils ont bonne mine aujourd’hui de le présenter comme un homme d’Etat plus fréquentable que son aîné);
2) non-légitimité de Poutine, parce que “fraudes électorales” : Briançon, pas plus que les autres journalistes du “Monde”, ne nous disent de quel type et à quel niveau sont les dites “fraudes”, sauf qu’au cours de sa chronique il parle de “bourrage des urnes”. Pour le lecteur, les choses sont claires, lors des élections russes, le bourrage des urnes est la règle, sans qu’on ne nous ait jamais dit quel est le pourcentage de ces fraudes réelles caractérisées. D’autre part, je ne cesse de dénoncer la confusion qui est faite à travers ce mot “fraude”, entre les fraudes réelles voulues et les dysfonctionnements qui me paraissent la majorité des cas, dysfonctionnements qui proviennent de ce que la Russie, vu son histoire récente et vu l’immensité de son territoire, a de la peine à acquérir les mécanismes d’un déroulement démocratique des élections (cela est valable aussi pour l’opposition qui croit qu’en démocratie tout est permis)
3) Dmitri Medvédev est dit par Briancon “le souffre-douleur” de Poutine. Mme Jégo, elle, disait, avant, qu’il en était la “poupée de chiffons” ; elle disait aussi que Poutine était “moribond”… Eh bien, le moribond a l’air de bien se porter et il a fait même du ski à Sotchi avec son souffre-douleur Medvédev, au lieu de fêter, dernièrement, le 55ème anniversaire de son épouse, dont on vient d’apprendre qu’ il divorce (dixit Jégo);
4) La “corruption généralisée”, certes, c’est une plaie qui ronge la Russie, mais il est malhonnête de ne pas dire qu’il y a une lutte de tous les jours du pouvoir contre cette corruption et le nombre de personnages souvent aux plus hautes fonctions qui sont mis en examen augmente de jour en jour; cela n’empêche que la corruption ne soit endémique à tous les niveaux, qu’il est un “mal russe”, qu’il ne disparaîtra pas d’un coup de baguette magique et qu’il faudra du temps avant que la Russie ne réduise ce fléau à la plus simple expression;
5) Qui voit Toinette Briancon et consorts en journalisme activiste à la place de Poutine? Qui se détache? L’opposition non parlementaire n’a pas de programme : elle procède par éructations, par slogans, genre “la Russie sans Poutine” ou la parti de Medvédev-Poutine est traité de “parti des voleurs et des escrocs”, sans qu’il y ait une proposition alternative sérieuse. Il suffit de lire le bloc de Navalny : ce ne sont qu’insultes, mots d’oiseau, vocabulaire incendiaire, souvent infantile. Kasparov opère de la même façon, par des aboiements, des invectives, des insultes (on peut être un génie des échecs et un piètre politique – cf., pour le génie littéraire et le fourvoiement idéologique, Céline);
6) Sur la situation économique de la Russie, le tableau de Toinette Briancon est noirci de façon outrancière. Même si la crise mondiale a des effets négatifs sur l’économie russe, celle-ci reste confortable, malgré l’inflation; et, bien entendu, l’activiste Biancon ne parle pas du niveau du chômage en Russie qui est très bas. Mais ce qui serait positif, n’intéresse pas l’activiste.
7) Qui êtes-vous les Toinettes du journalisme pour employer, quand vous parlez de la Russie, ce lexique dénigrant insupportable : la “vindicte présidentielle”; “répression” (lorsqu’il y a intervention de la police pour des manifestations non autorisées, la police ne gaze pas les opposants comme cela se pratique aux Etats-Unis, en France et, aujourd’hui en Turquie; les manifestants présentés à la justice sont ceux qui ont frappé des policiers lors de la manifestation du 6 mai 2012); “récession” (Briancon fait une phrase volontairement contournée obscure, pour ne pas dire nettement que l’on prévoit pour la Russie une croissance de plus de 2%, ce qui ne semble pas être encore de la récession, mais Briancon est une pythie qui voit loin…); “Parlement docile” (il suffit d’entendre les communistes ou le parti “Juste Russie” pour voir qu’ils ne sont pas dociles, mais, n’ayant pas la majorité, comme dans toute démocratie, ils en sont réduit (comme l’UMP aujourd’hui chez nous) à être une opposition verbale, mais non sans effet); “durcissement” de la répression; “corruption généralisée”; “justice aux ordres”; “forces de police à la disposition du plus offrant”; les satrapes locaux qui “exécutent ce que leur demande le pouvoir”, “Etat jungle”; “droits de propriété les plus élémentaires bafoués tous les jours”; “tout est confiscable par l’arbitraire autocrate et kleptocrate”; “autoritarisme aggravé du régime”; “le risque russe” pour les investisseurs; Poutine met en oeuvre ses promesses “pour s’assurer une confortable majorité électorale” (mais qu’a-t-il besoin d’essayer d’améliorer le niveau de vie de ses compatriotes pour être élu, puisque le bourrage d’urnes lui permettra d’être élu à l’occasion? Toinette Briancon n’en est pas à une malhonnêteté près); “les pensions et les canons”, voilà selon la Toinette d’aujourd’hui l’unique visée poutinienne…; “les coups de menton périodiques du maître du Kremlin”; “ruée de ses amis et affidés sur les ressources publiques”; “l’obéissance contre la croissance”, autre visée de Poutine; “régression démocratique”; “Poutine se rétracte et réprime”; “la rapine des amis du régime”; “zèle policier paranoïaque”; “l’arbitraire du prince”; “la bande au pouvoir”…
Quelle vision apocalyptique! Que reste-t-il de la Russie après cet “éclairage” qui nous est proposé, non innocemment, bien entendu, par “Le Monde”?
Je trouve de tels papiers infamants et ai honte.