Tolstoï représenté par les artistes russes, ses contemporains
Tolstoï représenté par les peintres, ses contemporains
Jusqu’à ses quarante cinq ans, on ne connaît aucun portrait de Tolstoï, seulement quelques photographies. Le premier tableau qui représente l’auteur de Guerre et paix est, en 1873, celui du peintre ambulant Ivan Kramskoï, célèbre en son temps pour ses portraits d’écrivains, de compositeurs et de personnalités de la seconde moitié du XIXème siècle, mais aussi, en 1872, d’un Christ au désert (Galerie Trétiakov) qui n’est pas celui des icônes orthodoxes : ce n’est pas le Dieu-Homme, mais le Fils de l’Homme, un penseur du XIXème siècle, plongé dans une profonde méditation solitaire. Cela allait bien dans le sens des idées chrétiennes de Tolstoï.
C’est le collectionneur et mécène Paviel Trétiakov qui avait commandé dès 1869 ce portrait. Tolstoï a refusé de poser pendant quatre années, au bout desquelles il consentit de le faire, à condition que Kramskoï peignît deux tableaux, un pour Trétiakov, l’autre pour Yasnaya Poliana. Kramskoï, qui fut le penseur le plus éclairé et convaincant du mouvement réaliste des “Ambulants” (peredvijniki), avait la conviction que rien ne pouvait remplacer une vision intégrale du visage humain mieux qu’une représentation picturale.
Les séances eurent lieu du 6 septembre au 3 octobre 1873[1], journellement avec une interruption lorsque l’écrivain partit à la chasse. Il semblerait que Tolstoï n’aurait posé que pour la tête et que la blouse, elle, aurait été mise sur un mannequin pour être peinte.
Le tableau commandé par Trétiakov ne fut pas montré dans aucune des expositions régulières des Ambulants. Le critique Vassili Stassov regrettait cela et fit tout pour que le portrait de Kramskoï soit exposé à l’Exposition Universelle de Paris en 1878; il obtint l’accord de Tolstoï qui se refusait auparavant à ce que son portrait soit montré au public. Voici comment Stassov commente l’oeuvre de Kramskoï :
“Est-ce que quelqu’un des Européens, à Paris, chérira autant que nous ce tableau, tout d’abord comme une représentation du comte Tolstoï et, en second, en tant que chef-d‘oeuvre de Kramskoï? Là-bas, ils ne connaissent pas les créations du comte Tolstoï, là-bas, ils n’ont aucune idée de ce que sont Sébastopol, Guerre et paix, Enfance et adolescence, cela veut dire que le portrait de cet auteur ne leur dira rien du tout. Mais nous! Qui, là-bas, examinera, comme nous, la virilité des traits du visage de ce portrait, bien qu’ils ne soient guère beaux et soient même, au premier abord, ordinaires! Qui, comme nous, retrouvera l’intelligence et le talent, atteignant parfois le génie, dans les yeux de cet homme? Eh quoi? Comme sur commande, Mr. Kramskoï a peint là son meilleur portrait, a mis au monde sa meilleure création et ce qui ne lui a pas réussi pendant longtemps, la maîtrise de la couleur, le talent d’un beau coloris puissant et frappant, voilà que soudain ils se sont retrouvés chez lui d’on ne sait où et ont acquis une note puissante, inattendue, telle qu’on la rencontre chez les plus grands portraitistes du XVIIème siècle. Celui qui regardera distraitement et avec indifférence ce tableau, pensera : c’est quelque serrurier, un ouvrier en blouse avec des mains calleuses – un point c’est tout. Mais regardez plus attentivement – et devant vous s’ouvrira une nature profonde, complexe, talentueuse, pleine d’énergie et de forces. Mr. Kramskoï a saisi toute l’âme intérieure et la complexion de cet homme […], y ajoutant ici une couleur d’une force et d’une beauté admirables.”[2]
Dans son compte-rendu de l’Exposition Universelle parisienne de 1878, Stassov mentionne cependant que le romancier et critique Edmond Duranty (le défenseur avec Champfleury du réalisme) avait écrit : “Mr. Kramskoï, sur un ton pesant, mais avec une forte expressivité, a rendu le type slave dans le portrait du célèbre écrivain russe, le comte Tolstoï.”[3]
Après Kramskoï, c’est Nikolaï Gay qui eut la possibilité d’exécuter un portrait de Tolstoï; cela eut lieu en 1884 à Moscou dans la maison de l’écrivain aux Khamovniki. L’oeuvre fut acquise par Trétiakov[4]. Gay avait rencontré Tolstoï au tout début des années 1880, c’est-à-dire précisément au moment où s’opérait un tournant radical dans la pensée et la pratique de l’auteur de Исповедь [Ma Confession] en 1881 avec, pour faire court, son affirmation d’une “démocratie paysanne”, son attachement au “simple peuple travailleur qui fait la vie” et son éloignement de la Tradition ecclésiale orthodoxe. Le portrait de Nikolaï Gay montre l’écrivain Tolstoï dans son cabinet dans une activité de tension méditative soulignée par l’atmosphère nocturne où seuls sont éclairés le visage, la main et les feuillets du manuscrit du traité В чём моя вера? [Quelle est ma foi?]. Dans une lettre du 6 février 1884, le peintre écrit :
“Je suis allé à Moscou où j’ai vécu trois semaines, j’y suis allé pour voir mon cher Liev Nikolaïévitch Tolstoï et faire son portrait auquel je pensais depuis longtemps, mais que je ne pouvais exécuter. Je suis heureux d’avoir pu le faire enfin. Dans ce portrait, j’ai rendu tout ce qu’il y a de plus précieux dans cet homme admirable.”
On le sait, à partir de cette rencontre, Nikolaï Gay a produit une série étonnante de représentations du Christ dans la ligne de la pensée évangélique tolstoïenne pour qui le Fils de l’Homme n’est pas le Fils de Dieu, mais l’homme le plus sublime qui ait jamais existé. Tolstoï n’hésite pas à prétendre que “Gay est le seul dans le monde entier à avoir trouvé la véritable solution du christianisme”[5].
C’est à la même époque, en 1880, que le maître du réalisme, Ilia Riépine commença à fréquenter Tolstoï. Ce fut une amitié de trente ans. Dans ses mémoires Далёкое близкое, il rapporte ses promenades dans Moscou avec l’écrivain:
“Nous allions très loin le long des interminables boulevards de Moscou, sans remarquer les distances : Liev Nikolaïévitch parlait beaucoup et de façon tellement captivante.
Ses réflexions passionnées et au plus haut point radicales provoquaient chez moi une telle excitation que je ne pouvais pas ensuite dormir, ma tête tournait à cause de ses jugements implacables sur les formes périmées de la vie.
Mais l’endroit le plus douloureux pour moi dans ses négations, c’était la question de l’art : il rejetait l’art.”[6]
Riépine a réalisé plus de 70 représentations de Tolstoï. C’est en 1887 qu’il exécuta les deux premiers portraits lors d’un séjour à Yasnaya Poliana : l’un montre l’écrivain à sa table de travail (il en fit cadeau à la famille de l’écrivain); l’autre – assis dans un fauteuil. La comtesse Sofia Andréïevna jugeait que dans Tolstoï à sa table de travail, “les yeux de Liev Nikolaïévitch étaient peints de façon si admirablement juste, comme dans aucun autre portrait de Tolstoï de ce même Riépine ou d’autres artistes”[7].
Le tableau n’a demandé que trois séances de poses (13-15 août 1887). Riépine a donné un aspect monumental à son modèle qui est âgé alors de 59 ans. La gamme colorée est très réduite. Sur ses genoux – l’Évangile. C’est le Tolstoï sur le chemin de la quête d’une authenticité chrétienne qui se lit sur cette représentation.
C’est la même année 1887 que Riépine inaugure une série de dessins et de toiles montrant le maître de Yasnaya Poliana se livrant aux travaux des champs, en particulier – labourant.
Le portrait de Riépine Tolstoï les pieds nus, montré à une exposition ambulante en 1901, suscita un autre tableau provocateur du peintre académique Narkiz Bounine (1856-1912); il s’agit de La pêche, exposée à la Société des artistes pétersbourgeois en 1903, qui montrait des pêcheurs avec un filet, certains d’entre eux ayant quitté leur pantalon pour entrer dans un réservoir d’eau et vêtus de leurs seules chemises. Parmi ces personnes aux jambes nues jusqu’à mi-cuisse, on pouvait reconnaître Tolstoï et Riépine. Ce fut un tollé général dans le public et les journaux. Un visiteur, le Kiévien Sémione Lioubochits, saisit un crayon et écrivit sur la toile “Мерзость” – Abomination! Saleté! Infamie! Il fut mis en prison pour six jours pour son action. Le fils de l’écrivain, Liev Lvovitch, fut indigné et adressa un télégramme à son père pour lui demander de faire ôter l’oeuvre de Narkiz Bounine de l’exposition. Parmi les nombreux articles qui relatèrent cet incident, voici un extrait tiré de la Gazette de Saint-Pétersbourg, datée du 21 février 1903 :
“Il y a deux ans [donc en 1901], Riépine a exposé chez les Ambulants un portrait de L.N. Tolstoï où il représentait l’illustre écrivain pieds nus. On raconte que Tolstoï, ayant eu connaissance de son portrait, a écrit à Riépine : ‘Je vous remercie, Ilia Éfimovitch, qu’après m’avoir déchaussé vous m’ayiez laissé au moins mon pantalon.’ Si Tolstoï s’est adressé réellement à Riépine avec de tels mots, c’est que sans aucun doute il était mécontent de sa représentation sans ses bottes sur le tableau. Mais, en ce cas, que doit ressentir l’illustre écrivain, apprenant l’apparition dans une exposition d’un tableau où il figure pas seulement pieds nus, mais sans les accessoires les plus indispensables de la toilette de tout homme… Bref, il s’est trouvé un artiste qui, dans un tableau, a privé Tolstoï de ce que Riépine ne s’était pas décidé d’enlever de l’illustre écrivain […] L’auteur de l’oeuvre, Narkiz Bounine, a représenté l’ermite de Yasnaya Poliana au bord d’une rivière vêtu d’une simple chemise et, de plus, les jambes de Tolstoï sont dénudées par l’artiste au-dessus des genoux.
Vraiment, comme c’est original? Mais ce n’est pas tout…
L’artiste a visiblement trouvé qu’il était quelque peu gênant de faire poser seul Tolstoï dans un tel appareil et, à côté de lui, dans exactement le même appareil, il a représenté Ilia Éfimovitch Riépine. Peut-être était-ce par rapport à Riépine, une petite vengeance pour Tolstoï? Si tu as enlevé les bottes de Tolstoï, eh bien pour cela je t’enlèverai ton pantalon…”
D’autres quotidiens pétersbourgeois manifestèrent aussi leur indignation devant l’indécence du tableau de Narkiz Bounine. Fiodor Sologoub, lui, réagit autrement. Répondant à un article des Nouvelles et la Gazette de la Bourse, il envoie une lettre à la rédaction dans laquelle il ironise sur les personnes fashionable qui ont été choquées par des jambes nues, et de conclure:
“Mais pourquoi donc finalement, ne pas regarder ce tableau du point de vue symbolique et ne pas y voir, non pas de simples pêcheurs [рыбаки] et de simples filets, mais des pêcheurs qui pêchent l’Univers [ловцы, уловляющих вселенную]. Et si l’on se met sur ce point de vue, souvenons-nous que c’est dans les traditions de la peinture – de représenter les grands hommes dans des habillements pas tout à fait décents : Canova a bien représenté Napoléon sans aucun vêtement.”
Riépine fit, à la suite de Nikolaï Gay, une sculpture du buste du grand homme en 1890.[8] Sur la recommandation de l’inévitable maître à penser du réalisme russe, Vladimir Stassov, c’est un sculpteur professionnel (ce que n’étaient ni Gay, ni Riépine), Ilia Guintsbourg, qui réalisera une cinquantaine de représentations sculpturales de l’écrivain. Disciple d’Antokolski, dont on sait dans quelle admiration Stassov tenait ce dernier, Ilia Guintsbourg, tout en restant réaliste, tient compte d’un certain frémissement que l’on pourrait qualifier d’impressionniste dans son traitement des surfaces sculptées.
L’année 1899 (Tolstoï est âgé de 71 ans) vit la création des sculptures de l’Italo-Russe Paviel/Paolo Troubetzkoy, en particulier le célèbre Tolstoï à cheval qui reçut le grand-prix de l’Exposition Universelle de Paris en 1900 et fut acquis par le Musée du Luxembourg.[9] En mars 1899, Tolstoï s’était rendu tous les jours dans l’atelier de Troubetzkoy rue Miasnitskaya et avait posé à cheval. Il posera encore à cheval pour Troubetzkoy en 1903, cette fois à Yasnaya Poliana. [10]
Parmi les travaux remarquables qui suivirent ceux de Troubetzkoy en 1899, il faut mentionner Naoum Aronson[11] qui vint spécialement à Yasnaya Poliana en juin 1901. Il fit d’abord le buste de Sofia Andréïevna, puis il réalisa 80 esquisses de Tolstoï lui-même et un buste en bronze, exposé en 19O2 à l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Un autre excellent sculpteur, Nikolaï Andréïev, représenta l’écrivain (qui avait alors 77 ans) avec une grande force méditative, à Yasnaya Poliana pendant l’été 1905. On peut dire que si Tolstoï reprochait à Troubetzkoy de ne pas rendre “la vie de l’âme” (душевная жизнь), mais seulement l’expression des yeux, Nikolaï Andréïev a réussi à faire apparaître le caractère méditatif tourmenté de l’homme-Tolstoï.
Pour revenir aux peintres, c’est Léonide Pasternak qui, à la suite de Riépine, a le plus représenté Tolstoï. Pasternak disait qu’il avait ainsi fixé plastiquement les souvenirs qu’il avait eu le bonheur de connaître lors des nombreuses visites à Yasnaya Poliana et aux Khamovniki. On pourrait caractériser la manière de ce peintre comme ayant un caractère réaliste, mais enveloppé dans un halo impressionniste avec une propension à exprimer une lumière nocturne qui lui donne un caractère symboliste que l’on trouve en France chez Eugène Carrière.[12] Un de ses tableaux les plus célèbres est celui de Tolstoï dans le cercle familial de 1901. Igor Grabar a noté que ce portrait de groupe faisait connaître l’ambiance dans laquelle vivait et travaillait le grand écrivain; le peintre-critique souligne l’expression du profil et de la nuque si caractéristiques et ajoute que cette oeuvre complète très bien l’iconographie tolstoïenne, même après les portraits de Kramskoï, de Riépine et de Gay.
Quant à Léonid Pasternak lui-même, il a pu déclarer après la mort de Tolstoï qu’il ne savait pas pourquoi il avait mérité le bonheur donné par le destin, non seulement d’être le contemporain de cet homme de légende, mais aussi de le connaître personnellement, d’être chez lui, de converser avec lui, de le dessiner et de le peindre…
Je terminerai ce panorama des représentations de Tolstoï par ses contemporains, par un tableau célèbre du non moins célèbre Mikhaïl Niestérov qui, entre autre, a illustré Les Cosaques. Niestérov a peint le portrait en une semaine, du 2 au 30 juillet 1907 (l’écrivain a donc 79 ans). Le peintre a pu déclarer que Liev Nikolaïévitch, tout en appréciant son portrait, ne se trouvait pas assez combatif, mais Niestérov a volontairement figuré un Tolstoï concentré, plongé en lui-même. Au contraire de Riépine, de Kramskoï et de Gay, Mikhaïl Niestérov ne fut pas impressionné par la rhétorique enflammée, dénonciatrice et prophétique du maître de Yasnaya Poliana, car il ne la découvrait pas. Il a voulu surtout faire apparaître un Tolstoï méditatif dans l’environnement de la nature qui enveloppait l’écrivain depuis son enfance. Niestérov fut le premier à peindre l’étang et l’allée de sapins de Yasnaya Poliana. Les sapins avaient été plantés, cinquante ans auparavant, par Liev Nikolaïévitch lui-même. Au-delà les izbas et la vue d’un champ. Selon le peintre, c’était là un coin caractéristique des propriétés de la Russie centrale. Tolstoï a posé vêtu d’une blouse de flanelle bleu-clair. C’est le début de la fin du jour, rappelant ce qu’un demi-siècle plus tôt, l’auteur de Enfance et adolescence écrivait sur le coucher de soleil en juin, sur les chatoiements bleuâtres, sur la canicule et les pépiements des moineaux, sur le soir, après la pluie, avec ses tonalités gris-sombre et vert sombre. Niestérov a su synthétiser dans son portrait cette atmosphère unique du paysage de Yasnaya Poliana.[13]
Les exemples présentés ici montrent que l’on peut suivre grâce à ces portraits la chronique de la vie intellectuelle, laborieuse, intime d’un écrivain qui fut la conscience de la Russie et du monde.
Jean-Claude Marcadé
avril 2015
[1] Voici comment È. Babaïev rapporte l’arrivée de Kramskoï à Yasnaya Poliana : “Это было осенью 1873 года. Как раз в эти дни Толстой обдумывал и начинал писать «Анну Каренину». Ему ни с кем не хотелось видеться и разговаривать. «Я как запертая мельница», — сказал он о себе в письме к одному из своих знакомых. Крамской не застал Толстого дома. Художнику сказали, что Лев Николаевич куда-то отлучился. И Крамской пошел его разыскивать. Он спросил у работника, рубившего дрова:
— Не знаешь ли, голубчик, где Лев Николаевич?
Работник распрямился, взглянул на него внимательно и ответил:
— А вам он зачем? Это я и есть.
Так произошла встреча Толстого с Крамским”, Э. Бабаев,
„Анна Каренина” Л. Н. Толстого, Moscou, 1978, p. 5
[2] V.V. Stassov, “Péredvijnaya vystavka 1878 goda” [L’exposition ambulante de 1878], Izbrannyié sotchiniéniya, Moscou, 1952, t. I, p. 307
[3] V.V. Stassov “Nachi itogui na vsiémirnoï vystavkié” [Notre bilan à l’Exposition Universelle], Izbrannyié sotchiniéniya, op.cit., p. 345
[4] Nikolaï Gay fit également un buste de Tolstoï en 1890
[5] Cf. Valentine Marcadé, Le Renouveau de l’art pictural russe-1962-1914, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1971, p. 37; en russe, voir les actes du symposium international à l’occasion de la grande rétrospective de Gay en 2014 à la Galerie nationale Trétiakov : Государственная Третьяковская галерея, Государственный институт искусствознания, Николай Ге Вектор судьбы и творчества. Материалы международной научной конференции Архивные публикации, Москва, 2014
[6] “По бесконечным бульварам Москвы мы заходили очень далеко, совсем не замечая расстояний: Лев Николаевич так увлекательно и так много говорил.
Его страстные и в высшей степени радикальные рассуждения взбудораживали меня до того, что я не мог после спать, голова шла кругом от его беспощадных приговоров отжившим формам жизни.
Но самое больное место для меня в его отрицаниях был вопрос об искусстве: он отвергал искусство.” [Илья Репин, Далёкое близкое [Из моих общений с Л.Н. Толстым]
[7] “B этом портрете глаза Льва Николаевича написаны так поразительно верно, как они не изображены ни на каком другом портрете Толстого — того же Репина или других художников.”
[8] En fait, la première représentation sculpturale de Tolstoï fut réalisée en 1889 par le tout jeune sculpteur Konstantine Klodt (petit-fils du célèbre Piotr Klodt, auteur des chevaux de bronze du Pont Anitchkov à Saint-Pétersbourg), montrant l’écrivain en train de labourer; Tolstoï avait consenti à poser à cette occasion – mais l’ensemble est inspiré par les dessins et les toiles de Riépine sur ce sujet en 1887…
[9] La sculpture de Troubetzkoy se trouve aujourd’hui au Musée d’Orsay sous le titre de Tolstoï montant Délire.
[10] Paolo Troubetzkoy exécutera une dernière sculpture de Tolstoï en 1910, peu de mois avant la mort de l’écrivain.
[11] Sur ce sculpteur, voir Dominique Jarrassé, “Naoum Aronson, un sculpteur symboliste russe à Paris”, Le Dialogue des arts dans le symbolisme russe, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2008, p. 143-152
[12] D’autre part, Léonid Pasternak a été un des meilleurs illustrateurs des oeuvres de Tolstoï. Outre Guerre et paix, il a, par exemple, exécuté 33 illustrations pour Résurrection en 1898, au moment où l’écrivain achevait son roman. Chaque illustration était montrée à l’auteur qui les a approuvées.
[13] Cf. Alla Polossina, “L’art paysager dans la vie et l’oeuvre de Léon Tolstoï”, Cahiers Léon Tolstoï 25, Paris, Institut d’Études Slaves, 2014, p. 73-88