Aux activistes anti-russes agissant depuis l’Europe
Les images de la violence policière, le 24 mars à Paris autour de la Place de l’Etoile, à l’égard d’une manifestation pacifique avec femmes, enfants et vieillards,qui n’a pas respecté l’itinéraire qu’elle avait accepté avec les autorités préfectorales devrait faire réfléchir les activistes anti-poutine/anti-russe qui soutiennent les activistes de Moscou qui ne respectent pas les règles, règles qui sont les mêmes dans toutes les démocraties concernant l’organisation de manifestations. Nos activistes d’ici font croire aux activistes de Russie que, chez nous, on peut sans dommage enfreindre les règlements et, par leur propagande, les encourage à continuer dans cette voie. On le voit bien, le but des activistes d’ici ne vise pas à ce qu’il y ait plus de démocratie en Russie, mais à alimenter le désordre et la confusion politique. J’ai le plus grand respect pour les activistes en Russie même, quand ils ne vont pas chercher leurs soutiens auprès de McCain ou de Romney et qu’ils puisent leurs forces de contestation en Russie même (il est possible que moi-même, si j’étais citoyen russe en Russie, je participasse à la contestation!). Une contestation si elle n’est pas constructive, c’est-à-dire si elle ne propose pas des alternatives à l’état socio-politique contesté, ne peut rien donner d’utile pour une évolution meilleure de la démocratie, à moins de vouloir à nouveau la révolution, ce qui n’est guère une perspective réjouissante, vu l’expérience qui s’est faite sur le dos du peuple russe…
Pour revenir à la répression de la manifestation parisienne du 24 mars par les forces de police, on a vu le gazage des manifestants qui voulaient forcer le barrage de la police ou s’en prenaient aux policiers (cette utilisation du gaz a cours régulièrement aux Etats-Unis) – je ne me souviens pas avoir vu la police russe utiliser les gaz, en particulier contre un député (chez nous, la députée de la République Christine Boutin a été victime des gaz policiers…).Alors qu’ on nous montre les policiers russes battant à terre des manifestants récalcitrants ou n’obtempérant pas aux ordres de la police, ou transportant par la force ces récalcitrants dans les fourgons (on veut nous émouvoir en voyant Kasparov traité de la sorte…) – mais regardez ce que fait notre police, quand on s’en prend à elle et que l’on ne respecte pas les règles convtenues…
Cette Semaine Sainte a été l’occasion pour les Toinettes du « Monde » (l’inénarrable Toinette Jégo, Toinette Smolar et Toinette Editorialiste) de massivement mener leur attaque anti-poutine/anti-russe, elles sont désormais devenues des Grosses Berthas, tirant à boulets rouges sur la Russie actuelle. Il est remarquable que ce soit Poutine qui soit désigné comme le créateur d’une nouvelle guerre froide, anti-américaine et anti-européenne, alors que les Toinettes et Grosses Berthas ne cessent depuis des années de dénoncer tous les maux de la Russie, à analyser de façon uniment malveillante et souvent malhonnête tout ce qui se fait en Russie (sauf les « punkettes » aux Chattes en révolte ou l’escroc Khodorkovski et alii), à parler de système politico-militaire (la Russie, c’est la Birmanie ou le Pakistan…), à continuer de faire mousser la prétendue collusion de l’Eglise Orthodoxe et du pouvoir (y a-t-il plus de collusion qu’en Pologne ou en Israël, entre autres?), à encourager les manifestations de l’opposition, en leur faisant croire que chez nous, on peut enfreindre les règles en vigueur etc. etc. Et le Congrès américain qui ne cesse de désigner comme un Etat Satan la Russie et d’en appeler à son boycott et au financement des oppositions anti-poutine pro-américaines… Evidemment, au « Monde » les événements scandaleux de l’Amérique sont neutralisés par des articles « objectifs » (on en rêverait pour la Russie) disposés dans le journal à des places qui les noient dans des information générales. Il a fallu attendre plus de cinquante jours pour avoir un papier « objectif » sur la grève de la faim des détenus sans droits de Guantanamo, papier qui ne fait pas la une, alors que la vérification des ONG financées par l’étranger en Russie est jugée scandaleuse et serait source de terreur pour la société… Et je ne parle pas de Julien Assange ou du soldat Manning pour lesquels « Le Monde » ne lève pas le petit doigt, ou du silence sur les tabassages policiers et le gazage des indignés de Occupy Wall Street…
Il faudrait relever presque chaque phrase du « journalisme d’opinion », comme l’appelle Edwy Plenel, en l’opposant au « journalisme d’investigation », dans les derniers papiers sur Bérézovski, dans lesquels il apparaît que l’être malfaisant et même criminel , ce n’est pas Bérézovski mais Poutine (pensons seulement au rôle criminel de Bérézovski dans les guerres du Caucase). Smolar n’a pas été sans doute en Russie dans les années 1990, moi oui. J’ai vu les effets dévastateurs de l’ultra-libéralisme qui a détruit des vies entières, surtout les vieilles personnes (j’en ai vu mourant de faim et fouillant dans les poubelles); quant à la liberté d’expression, elle consistait à faire régner la loi du fric et à créer des media qui soient motivés uniquement par des clans enrichis de façon malhonnête; quand a été fermé un canal privé de télévision qui donnait la parole aux ennemis de la Russie, alors en guerre en Tchetchénie, quels cris d’orfraie nous n’avons pas entendu! On supprime la télévision d’opposition en Russie! Mais avez-vous vu en France une télévision d’opposition? Et avez-vous vu en France une télévision donnant une autre version des guerres en Yougoslavie, en Afghanistan ou en Syrie, autre que celle du pouvoir? C’était la liberté pour qui dans les années 1990?
Pour être plus drôle : lorsque Toinette Jégo se mêle d’économie et de pré-visions (elle nous disait en 1910 que Poutine était « moribond » et , aujourd’hui, que « l’économie russe donne des signes d’essoufflement ») – c’est à prendre avec des pincettes, mais quand elle fait des références d’ordre artistique, c’est franchement très rigolo. Nous avions eu Malévitch comme précurseur des Chattes en révolte, maintenant nous avons une comparaison de Medvédev, la « marionnettes », la « poupée en chiffons » de Poutine, avec le pitoyable et touchant d’humanité vraie héros du « Manteau » de Gogol, Akaki Akakiévitch, qui, d’après la critique littéraire Jégo, aurait eu « peur d’endosser » le manteau neuf qui avait remplacé son vieux manteau élimé…Relisez, Jégo, les classiques avant de nous faire croire à votre vaste culture…
Je conseille d’ailleurs aux Toinettes du « Monde » de lire le nouveau roman de Viktor Pélévine, »Batman Apollo », sur les bobos russes d’une certaine opposition…
Peut-être me direz-vous : Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà…Mais il ne s’agit pas, en l’occurrence, de morale ou d’éthique, mais de civisme démocratique