Deux réactions au livre d’ Álvaro VARGAS : “Octavio Paz ou la poésie comme la condition humaine même
Deux réactions au livre d’ Álvaro VARGAS : Octavio Paz ou la poésie comme
la condition humaine même (Dax, imprimerie Gutenberg, 2021) du Père Richard Escudier et du compositeur allemand d’origine chilienne Juan Allende-Blin
“J’ai pris le temps de lire une grande partie maintenant du livre d’Alvaro Vargas […]
J’y ai retrouvé bien des accents de ce que moi-même je travaille et réfléchis modestement depuis pas mal de temps.
La crise de notre temps mérite l’attention d’un poète qui a su diagnostiquer les contradictions d’un monde anxieux et abîmé.
J’ai compris qu’Octavio Paz plaide pour une reliance entre les cultures anciennes de son continent et l’inspiration de l’Orient spirituel.
J’ai été très sensible à son insistance sur la tragédie. Le mythe conjoint ce que la pensée rationnelle discursive disjoint, en quelque sorte.
Oui, il porte un diagnostic sévère sur la civilisation occidentale dans laquelle la raison s’est coupée de l’être profond de l’homme.
Le poète nous situe exactement face à une requête du sujet non plus seulement armé de sa raison abstraite mais habitée par la question du temps, de la vie et de la mort.
Comment rendre compte de l’homme dans sa riche complexité et le mystère de son être confronté à la mort, au destin et finalement à la question du sens. Il s’agit d’une unité à retrouver entre les composants de l’être.
Je découvre chez le poète une réflexion épistémologique passionnante. L’art y a pleinement sa place à côté de la métaphysique.
Sa réflexion sur la “séparation” comme solitude et comme épreuve de la différence, qui cherche à rencontrer la communion, cet antagonisme constitutif de l’être, évoque pour moi beaucoup de choses,
notamment chez un philosophe comme Romano Guardini, ou encore Gabriel Marcel, le psychanalyste Carl Gustav Jung, l’anthropologue Edgar Morin. Et j’en passe…
Que l’homme soit énigme, c’est ce qu’il expérimente dans cette ambiguïté éprouvée entre solitude et communion. L’homme s’expérimente fondamentalement comme affronté à ses limites.
L’imaginaire poétique, notamment dans la tragédie, met en scène les interrogations anxieuses que le discours plus conceptuel tâche d’explorer, mais avec peine.
Je vois dans Paz, autant que je l’ai compris à travers Alvaro, une reconnaissance des limites : c’est l’horizon contradictoire du mystère de l’être, que l’on peut appeler me semble-t-il « destin » dans son rapport antagoniste à la liberté.
Quelque chose de brisé cherche la totalité… Sans ce mystère, que devient l’homme ?”
Richard Escudier
“Le livre d’ Álvaro VARGAS : Octavio Paz ou la poésie comme
la condition humaine même, vient d’arriver.
J’ouvre au hasard le livre, je suis dans le chapitre “Travail de la poésie”
et je lis cette fabuleuse métaphore d’Octavio Paz :
‘Quand l’histoire dort, elle parle entre rêves : sur le front du peuple endormi
le poème est une constellation de sang. Quand l’histoire se réveille, l’image
se fait acte, le poème arrive : la poésie entre en action.
C’est sublime, ‘suspendu dans les airs’.”
Juan Allende-Blin
Alvaro VARGAS
Octavio Paz ou la poésie comme
la condition humaine même
L’art et l’esthétique tiennent une place essentielle dans la réflexion d’Octavio Paz qui insiste sur son autonomie, ce qui n’est pas contradictoire avec sa fonction sociale. Pour lui, l’art moderne du XXe siècle concilie ces deux vecteurs, tout en ayant consommé, comme l’analyse ici Alvaro Vargas, “une rupture avec les canons esthétiques de l’art traditionnel, une rupture des frontières”.
Alvaro Vargas donne une grande place aux lettres hispaniques dont Octavio Paz est un des acteurs éminents. Ces lettres sont partagées « entre la double tradition de la quête de leur identité et de leur volonté cosmopolite”. Alvaro Vargas, en envisageant la poésie comme Rythme, en fait ressortir le côté musical, le côté de danse sacrale, comme dans la conception hindouiste du mouvement universel. |
Rythme, danse, fête scandent toute la pensée et la pratique poétique paziennes. Ce livre sur Octavio Paz permet de pénétrer de façon nouvelle dans l’œuvre immense du poète, prosateur, critiqueet essayiste mexicain. Dans les Annexes à l’essai sur Octavio Paz, sont publiés des documents sur la vie, la poésie et les peintures d’Alvaro Vargas. |