S.P. Diaghilev (1872-1929) et I.B. Markevitch (1912-1982) [du milieu de l’année 1928 au milieu de l’année 1929] [Perm , 2009]
Je présente ici la traduction en français que je viens de faire. de ma conférence prononcée en russe au Colloque international “Les VIIèmes conférences diaghiléviennes” dans la ville de Perm en mai 2009 et publiée dans le recueil S.P.Djagilev i sovremennaja kul’tura [Diaghilev et la culture contemporaine], Perm, 2010, p. 94-107
S.P. Diaghilev (1872-1929) et I.B. Markevitch (1912-1982) [
[du milieu de l’année 1928 au milieu de l’année 1929] [Perm , 2009]
Igor Borissovitch Markevitch est né en 1912 à Kiev. Il venait d’une vieille famille noble. Du côté du père, parmi ses ancêtres se trouvaient non seulement les hetmans Dorochenko, Kotchoubeï et Poloubotok, mais aussi le poète et folkloriste, ami de Gogol et, surtout, de Glinka – Nikolaï Andréïévitch Markevitch, auteur, soit dit en passant, de la première Histoire de la Petite Russie. Du côté de sa mère, née Wulffert, son grand-père n’est autre qu’Ivan Pavlovitch Pokhitonov (1850-1923) un beau peintre paysagiste, dont Igor Borissovitch a hérité un vif intérêt pour les beaux-arts.[1]
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, les Markevitch sont en Europe. Le père, Boris Nikolaïévitch, a été soigné pour la tuberculose dans un sanatorium suisse. Les révolutions russes de 1917 ont pris au dépourvu la famille Markevitch en Suisse. Boris Nikolaïévitch était pianiste et donnait des cours de musique pour assurer les besoins matériels de la famille. Il est mort en 1923.
Le jeune Igor commence à étudier dans une ambiance musicale, compose à 13 ans sa première œuvre Noces, qu’il a jouée devant le grand pianiste français Alfred Cortot (1877-1962) en 1925. Corto fut favorablement surpris par la maîtrise de cette pièce pour piano, où il sentait une certaine influence de Ravel et même de Satie. Le critique anglais David Drew écrit :
« Comme chez Satie, les accords harmoniques, ainsi que les archaïsmes, tendent à l’insolite.» [2]
Alfred Cortot convainc la mère d’Igor d’envoyer ce dernier à Paris pour être inscrit au conservatoire. À Paris, Cortot ne se soucia pas seulement du perfectionnement musical, surtout pianistique, de cet adolescent doué, mais publia également Noces chez son éditeur parisien en 1927. Igor Markevitch avait 15 ans !
Pour apprendre l’harmonie, le contrepoint et l’analyse musicale, Cortot le dirigea vers la célèbre pédagogue française, cheffe d’orchestre, organiste et compositrice Nadia Boulanger. Du côté maternel, Nadia Boulanger était russe, sa mère est née princesse Mychetskaya. Nadia Boulanger est une figure légendaire du Paris musical des années 1920 jusqu’à sa mort en 1979. Dans ses mémoires Être et avoir été, Markevitch écrit :
« Je pense que peu de maîtres ont atteint l’art d’analyse musicale de Nadia Boulanger. Et combien de musiciens autres que moi ont appris, grâce à elle, à lire une partition en profondeur ! Durant les premières années, nous étudiâmes surtout les sonates de Beethoven et les cantates de Bach. J’avais l’impression de suivre des leçons d’anatomie où au lieu de disséquer, nous reconstruisions l’ouvrage en refaisant le chemin de l’auteur ». [3]