Vladimir Dimitrijević et le Christ
Je viens de lire, comme antidote aux bonimenteries de foire athéistes de Onfray, ce que dit le grand éditeur serbe Vladimir Dimitrijević, mort en 2011, sur le Christ et le christianisme, dans les entretiens avec Gérard Conio, Béni soit l’exil! (Genève, Syrtes/L’Âge d’homme, 2016) qui fourmillent de réflexions et de commentaires d’une haute tenue sur les questions qui agitent le monde d’aujourd’hui (littérature, politique, édition). Pour moi, ce qui est professé là est bouleversant et mérite d’être placé dans une philocalie des laïcs. Il mentionne Claudel et Le Soulier de satin. Un des meilleurs souvenirs de ma vie est d’avoir invité Vladimir à aller voir avec moi cette trilogie qui était alors montée sur les tréteaux que Jean-Louis Barreault et Madeleine Renaud avaient installés à la Gare d’Orsay. C’était pour moi la seconde fois que j’allais voir cette représentation grandiose. Valentine n’aimait pas Claudel (comme elle n’aimait pas Bach!), c’est pourquoi j’ai proposé à Vladimir (que tout le monde appelait « Dimitri ») qui habitait chez nous (il a eu les clefs de notre appartement rue Saint-Sulpice pendant toutes les années 1970) de venir voir la monumentale pièce claudélienne. Nous sommes allés et revenus à pied de Saint-Sulpice à Orsay. Nous étions abasourdis, secoués, par ce bateau ivre qui brassait dans des images d’une force terrienne et cosmique énormes toutes les tempêtes qui bousculent l’homme dans l’amour, l’aventure, la découverte, la destinée métaphysique.